Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
La deuxième vague de Covid-19 est un coup de poignard pour de nombreux secteurs, en particulier le secteur pétrolier. Les mesures de reconfinement qui en découlent vont immanquablement entraîner une nouvelle chute de la demande. Le scénario du printemps dernier se répète…
Le cauchemar continue pour le secteur pétrolier et le baril de WTI a plongé de 6% ce mercredi à New York. Retombé sur des niveaux de 37,1 $, il affiche un repli de 8% en cinq séances et de 10% depuis les 41,4 $ touchés le 20 octobre dernier.
D’hypothétiques, les perspectives d’un reconfinement des économies sont devenues évidentes. L’Irlande aura en quelque sorte donné le la il y a dix jours et la mesure se décline désormais sur tout le Vieux Continent ou presque. En France, ce sera le grand retour des attestations, des déplacements strictement encadrés, de la généralisation du télétravail et des week-end mornes.
Aux Etats-Unis, la ville d’El Paso, au Texas, vient de se reconfiner et d’autres métropoles américaines où une deuxième vague (non, c’est en fait déjà une troisième vague) commence à déferler devront à leur tour se couper du reste du pays.
Plus largement, le retour du « home office » quasi-obligatoire pour les salariés du tertiaire de part et d’autre de l’Atlantique ira de pair avec une chute verticale des trajets professionnels. Dans le même temps, tout ce qui a trait aux loisirs et à la consommation de biens non-indispensables va une nouvelle fois être frappé au cœur.
Aux Etats-Unis, malgré une forme de retour à la normale depuis le mois de mai et la reprise d’activité de millions d’Américains, la distance parcourue quotidiennement par les automobilistes du pays a plongé de… 14 millions par rapport à la moyenne d’octobre 2019 – oui, 14 millions de kilomètres par jour, ce qui se calcule facilement grâce aux chiffres des groupes pétroliers concernant la quantité de carburant vendue dans les stations-services. Au surplus, le peu d’avions qui volaient encore en Europe et aux Etats-Unis pourraient se retrouver cloués au sol d’ici les fêtes et les réservations de billets pour les vacances de Noël sont pratiquement tombées à zéro en quelques jours.
L’activité industrielle pourrait en outre absorber de 10 à 20% des quantités habituelles si les cadences de production devaient être adaptées à une main-d’œuvre plus ou moins sévèrement confinée… et à une demande de produits manufacturés en berne (notamment une chute des achats d’automobiles, ce qui est une certitude en Europe dès ce week-end).
Bref, nous voici à l’orée d’une nouvelle expérience de décroissance qui pourrait nous mener jusqu’au Nouvel An et le scénario ressemble à s’y méprendre à un copier/coller du plongeon de la fin février (à partir du 24), quand le baril avait brusquement décroché de 53,4 $ (le 20 février) vers 31 $ (le 9 mars) face à l’évidence d’un risque d’effondrement de la croissance mondiale.
Huit mois plus tard, la cassure des 39 $ sur le baril de Brent et/ou des 37 $ sur le WTI pourrait préfigurer un décrochage en direction de respectivement 34 et 32 $.
Le WTI était en tout cas sur le fil du rasoir mercredi après-midi, testant le plancher du 2 octobre ou des 8 et 9 septembre, et si la marge de sécurité s’est un peu reconstituée mercredi soir, un nouveau « sell-off » en direction de 32,5 $, l’ex-plancher du 20 au 28 mai dernier, apparaît plausible.
Le compartiment des valeurs pétrolières américain pourrait quant à lui perdre 6% de plus très rapidement, tandis que l’ETF I-Share de Blackrock, le plus représentatif des producteurs de pétrole américain, perd désormais 52% depuis le 1er janvier. Menaçant le support des 52,5 $ du 16 avril, il pourrait même retomber dans la zone des 46 $ du 28 mars à brève échéance…