La Réserve Fédérale a dévoilé hier une nouvelle stratégie en matière d'inflation. Au lieu de se concentrer sur la réduction des pressions sur les prix, elle va maintenant permettre à l'inflation et à l'emploi de dépasser leurs objectifs afin d'atteindre la stabilité des prix à long terme. Cette nouvelle approche fait suite à près d'une décennie où l'inflation n'a pas atteint son objectif de 2 %. Même avant le COVID-19, la Fed pensait à changer d'orientation. Cette décision a été prise après plus d'un an d'analyse et ouvre une nouvelle phase pour la banque centrale.
La pandémie de coronavirus a donné à la Fed une raison plus forte de changer de cap alors que le ralentissement de l'économie écarte toute possibilité de reprise de l'inflation. Avec l'annonce d'hier, la Fed nous informe que les taux d'intérêt zéro sont là pour rester, et cela permettra à l'économie de se retourner plus vite que d'habitude avant qu'elle ne resserre sa politique monétaire. La perspective d'années de faibles taux d'intérêt est extrêmement positive pour les actions et explique pourquoi le S&P 500 a atteint un nouveau record. Malgré le fait que les orientations politiques accommodantes auraient dû être négatives pour le dollar américain, le billet vert a fortement augmenté par rapport à l'euro et au yen japonais.
Nous avons identifié trois raisons qui expliquent le rallye du dollar américain après Jackson Hole :
- L'annonce de la Fed a été prise en compte : Bien que le dollar ait chuté lorsque le président de la Fed, Jerome Powell, a fait son annonce, il s'est retourné peu après. L'un des principaux arguments en faveur de ce revirement était qu'il était largement attendu. Comme nous l'avons écrit dans la note d'hier, les investisseurs attendaient de la banque centrale qu'elle passe à un objectif d'inflation moyenne, ce qu’à effectivement annoncé Powell hier. Lorsqu'il est apparu clairement que son discours n'avait rien de surprenant, les investisseurs ont recommencé à prendre des bénéfices sur les monnaies à bêta élevé.
- Le dollar se renforce à mesure que les investisseurs reviennent aux actifs américains : La promesse d'argent bon marché et de liquidités abondantes attire également les investisseurs vers les actifs américains et, par conséquent, vers le dollar américain. Il est difficile de ne pas être attiré par les mouvements records des actions américaines. La nouvelle politique de la Fed va contribuer à relancer l'économie et lui permettre de fonctionner plus longtemps. Le dollar a également une forte corrélation avec les rendements du Trésor, et la hausse de près de 8 % des taux à 10 ans a contribué à la reprise.
- Un peu d'optimisme de la part de Powell : Nous attendions des commentaires prudents de la part de Powell, mais au lieu de cela, ses commentaires étaient légèrement plus optimistes. Le président de la Fed a décrit l'économie comme étant saine, à l'exception des zones touchées par le virus. Les données américaines étaient également meilleures avec un PIB du deuxième trimestre révisé légèrement à la hausse, en attendant que les ventes de maisons battent les attentes et que les demandes d'allocations chômage reprennent leur déclin. Les chiffres sur les revenus et les dépenses des particuliers devraient être publiés demain
L'EUR/USD a enregistré une sous-performance, les cas de virus en France et en Espagne ayant augmenté à un rythme alarmant. Le dollar canadien a été le plus résistant grâce à l'amélioration des comptes courants et à la perspective d'un meilleur PIB mensuel demain. Les dollars australien et néo-zélandais ont récupéré la plupart de leurs pertes post-Powell grâce à la reprise des risques. Le regain d'intérêt pour l'Europe rend les monnaies asiatiques plus attrayantes. La livre sterling, en revanche, a pris du retard, les cas de virus au Royaume-Uni ayant atteint leur niveau le plus élevé depuis juin.