Une hausse de 0.25% du taux de référence des fonds fédéraux, à 2,00% -2,25% pour la réunion de la Fed de demain soir a depuis longtemps été prise en compte par le marché.
Les investisseurs se concentreront donc davantage sur les anticipations de taux de la Fed, en premier lieu dans le but de confirmer qu’il faut encore s’attendre à une quatrième hausse des taux cette année, en décembre. Plus important encore, les investisseurs chercheront à en savoir plus sur les autres relèvements de taux à anticiper pour l'année prochaine. Le marché prend pour l’instant en compte 3 hausses de taux, ce qui porterait le taux directeur à 3,00% -3,25% à la fin de l’année 2019.
L’autre point à surveiller sera le langage utilisé dans la déclaration de la Fed, notamment en ce qui concerne un possible abandon du mot «accommodant» pour décrire la politique monétaire. Cette modification serait considérée comme hawkish, et permettrait à la Fed de préparer le terrain pour continuer à relever les taux.
Dans un contexte d’économie robuste, les investisseurs ont accueilli favorablement la position hawkish de la Fed qui s’en tient à son plan de relèvement progressif des taux tout en permettant à son bilan de se contracter en ne réinvestissant pas certaines de ses obligations arrivant à échéance. Ce processus est connu sous le nom de resserrement quantitatif, à l'opposé de l'assouplissement quantitatif.
Mais ce qui sera le plus surveillé sera la conférence de presse du patron de la Fed Jerome Powell dans laquelle les investisseurs chercheront des indices concernant les perspectives économiques et la politique monétaire. Powell, qui n'est pas économiste, a abandonné le langage traditionnellement alambiqué de la Fed en faveur d'un anglais simple. Mais il a toujours réussit à ne pas trop en dire. Il répètera probablement que la Fed reste convaincue au sujet de sa stratégie de hausse progressive des taux d’intérêt, accompagnée d’une diminution progressive de ses avoirs en obligations.
Les récentes remarques du gouverneur de la Fed Brainard, considérée par beaucoup comme le cerveau du conseil d'administration de la Fed, soulèvent la question de savoir si le taux neutre qui devrait marquer la fin des hausses de taux est en réalité une cible mouvante. "Avec les mesures de relance prises par le gouvernement pour répondre à la demande au cours des deux prochaines années, il semble raisonnable de s'attendre à ce que le taux neutre à court terme augmente légèrement par rapport au taux neutre à long terme", a-t-elle déclaré Detroit.
Avec sa volonté de trouver des excuses pour de faibles rendements à long terme et de minimiser les inquiétudes concernant l'inversion de la courbe des taux (Lorsque les taux à court terme sont supérieurs aux taux à long terme), cette analyse semblerait ouvrir la voie pour que la Fed procède à plus de 3 hausses de taux en 2019 sans que la politique monétaire ne soit jugée « serrée », à condition que l'économie soit en plein essor.
Le consensus hawkish au FOMC semble se développer en dépit des divisions traditionnelles. Les membres dovish comme Charles Evans de Chicago et Eric Rosengren de Boston seront des membres votants l'année prochaine, mais leurs récentes remarques indiquent qu'ils soutiennent la politique de resserrement actuelle. Cinq des douze présidents des antennes régionales de la Fed votent chaque année par roulement, sauf New-York qui bénéficie d’un vote permanent.
Le nouveau vice-président de la Fed, Richard Clarida, participera pour la première fois à la réunion du FOMC et se positionnera sûrement du côté du consensus.