Une poussée de fièvre inflationniste en décembre en Europe ? Ça dépend où on place le thermomètre ! La poussée inflationniste observée en Allemagne (elle passe en 1 mois de +0,7 à +1,7% comme nous l’évoquions ce matin) se confirme, quoique de manière très atténuée dans l’Eurozone où elle repasse de +0,6% à +1,1% en rythme annuel.
Bien sûr, on pourrait nous objecter qu’il s’agit d’un quasi doublement et nous n’aurions pas manqué de « faire image » si la réalité était aussi brutale que ce qui ressort en 1re lecture.
Parce que de nombreux bémols doivent être apportés et le 1er d’entre eux concerne « l’inflation sous-jacente » (hors énergie, tabac et alimentation): la dérive des prix (+0,9% en « core ») n’atteint même pas +1% sur 1 an.
De fait, l’inflation reste même inférieure à celle de janvier 2016 ! D’autre part, l’envol de +2,5% des prix de l’énergie est aggravé par une hausse parallèle et tout à fait inhabituelle de +7% du dollar (rallye post-Trump) et ce chiffre résulte d’un « effet rebond », partant d’une baisse de -1,1% des prix du pétrole/gaz/électricité en novembre.
Une hausse que les groupes industriels semblent bien en peine de répercuter vers leurs clients puisque les prix pratiqués ressortent en hausse que de seulement +0,3 % en décembre, au plus bas depuis septembre 2015 : la faiblesse de la demande, sauf secteur automobile en hausse de +5,8% en 2016, les contraint à sacrifier leurs marges.
Dans le même temps, le prix des « services » (secteur tertiaire au sens large) affiche +1,2% sur 1 an: c’est plus significatif, mais nous sommes encore loin de la surchauffe !
Et pour finir de relativiser la « poussée de fièvre » du mois de décembre dans l’eurozone, sachez que l’Italie a connu de la désinflation (ou déflation pour être plus crus) sur l’ensemble de l’année 2016.
En revanche, les consommateurs/épargnants allemands ont de quoi se faire des cheveux blancs avec une hausse du coût de la vie de +1,7 % quand la rémunération de leur épargne longue (taux 8 à 10 ans) s’affiche à… 0,17% en moyenne.