Le 20 mai 2015, il y a quasiment un an, je recommandais de ne surtout pas toucher à Soitec (FR0004025062). Il faut dire que l’action valait 0,77€ et je me demandais si la société n’allait pas être obligée, à un moment ou à un autre, de recourir à une levée de fonds.
Un an après, le titre ne cote plus que 0,60€. La société vient d’annoncer que l’Assemblée générale donnait son accord pour une importante levée de fonds, entre 130 et 180 M€. Avec une capitalisation actuelle de 139 M€, la dilution pour l’actionnaire va être énorme.
Les grandes lignes de l’augmentation de capital sont maintenant connues. Environ 76,5 M€ seront, dans un premier temps, réservés à Bpifrance Participations, CEA Investissement ou NSIG Sunrise 2. Dans un deuxième temps, pour ne pas exclure les petits particuliers (sans doute rincés par un effondrement de 94% du titre en cinq ans), la société fera une autre augmentation de capital avec maintien du fameux droit préférentiel de souscription (DPS) pour un montant compris entre 53,5 et 103,5 M€.
En fait, Soitec n’a absolument pas le choix : ses résultats annuels, publiés lundi matin, sont encore déficitaires. La société a perdu 71,7 M€ en 2015. Elle perdait 258,7 M€ en 2014.
La situation est plus que périlleuse ! Avec l’accumulation des pertes (850 M€ depuis 2011), les fonds propres de Soitec sont négatifs à hauteur de 7,1 M€. Il y a tout de même quelques motifs d’espoir. L’exercice 2015 a été marqué par un résultat opérationnel courant positif de 12,4 M€ en raison de l’amélioration du marché de l’électronique. De même, le chiffre d’affaires 2015 a progressé de 17% à 237,5 M€ avec une marge brute passée en un an de 15,6% à 25,6%. « 2016 devrait être une nouvelle année de croissance de l’activité du groupe », selon les prévisions de la direction.
Peut-être peut-on voir aussi dans la nomination de Remy Pierre à la direction financière un atout supplémentaire pour Soitec. L’homme a effectué sa carrière chez Airbus (PA:AIR), Lafarge (PA:LAFP), Alstom (PA:ALSO) et Lagardére Active, sa plus récente nomination.
Ceux qui sont dans le bateau Soitec depuis des années n’ont pas vraiment le choix et doivent participer à cette opération de la dernière chance. Pour les autres, il faut laisser passer l’augmentation de capital dont on n’a pas encore la date exacte.
Le pire, c’est que le titre est extrêmement cher au cours actuel avec PER supérieur à 40 sur le prochain exercice ou encore une VE/EBIT proche de 20. Non vraiment, si vous le pouvez, passez votre tour ; il y a mieux à faire sur les marchés !