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Trump/Poutine/Assad : bataille de l’information sur front syrien

Publié le 17/04/2018 09:21

Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr

(Quand c’est absurde, il faut aller jusqu’au bout de cette logique…)

A peine les dernières fumées des frappes de missiles dissipées (sans nuage toxique à l’horizon malgré le bombardement intensif d’unités de fabrication d’armes chimiques syriennes présumées, quelle chance pour la population en banlieue de Damas et d’Oms !), les Etats-Unis et Trump annoncent de nouvelles sanctions…

Celles-ci à l’encontre de la Russie et d’oligarques qui auraient aidé (conditionnel de rigueur) Bachar el-Assad à reconstituer son arsenal chimique. Le dernier a été intégralement détruit en juin 2014 sur injonction et sous le contrôle étroit de l’ONU, selon les observateurs de l’OAIC (Organisation pour l’interdiction des armes chimiques).

Lundi 9 avril, Donald Trump avait décrété un nouveau train de sanctions à l’encontre de Vladimir Poutine « pour l’ensemble de son œuvre ». Et il annonce qu’il va doubler la mise ce lundi 16. La raison ? Sa complicité avec Bachar el-Assad, coupable de recours « présumé » à des munitions au chlore – du dichlore pour être précis – car « n’y a pas d’autre explication plausible ».

Nous avions naïvement pensé que le brusque déclenchement des sanctions américaines de lundi dernier était motivé par les bombardements (toujours « présumés », en attente de preuves formelles selon Jim Mattis le jeudi 12 avril). Nous découvrons qu’il n’en est rien.

Des casques blancs rois de la mise en scène ?

En ce qui concerne les preuves formelles que la France affirmait détenir, nous comprenons à présent que ce sont celles (témoignages et images) qui circulent sur les réseaux sociaux. En effet, il n’est jamais fait mention dans les communiqués de l’Elysée d’observations et de prélèvements effectués par nos services présents sur place. En ce qui concerne les images (diffusés par un correspond basé à Londres, c’est moins dangereux), elles sont gracieusement fournies par les casques blancs. Une organisation « neutre » opérant en territoire syrien. Si neutre d’ailleurs que ses membres sont autorisés à poser aux côtés des combattants de Daech dans un climat de souriante fraternité comme de nombreuses images – toujours faciles à trouver sur Internet – le démontrent.

Les casques blancs ont diffusé des images terribles d’enfants gazés à morts, emportés sur des brancards et dont le système nerveux, par un réflexe surprenant, leur fait rabattre un bras sur leur flanc avant de rentrer dans une ambulance ou replacer le bas d’un tee-shirt au-dessus d’un bermuda… Parce qu’être mort, ça ne va pas dire pour autant apparaître débraillé devant les caméras. Les images transmises aux médias occidentaux et massivement diffusées sur les réseaux sociaux l’ont été trop vite et ces minuscules détails (il fallait tout analyser image par image) ont échappé à leurs diffuseurs. Cela ne signifie pas que des enfants ne soient pas morts par dizaines le 7 avril à Douma (enclave de la Goutha). Cela ne signifie pas que des milliers d’innocents n’aient pas été victimes d’armes chimiques ces derniers mois.

Cela signifie simplement que ces images/preuves révoltantes (tournées le 7 avril, ou le 8 ?) constituent soit une reconstitution maladroite d’événements tragiques bien réels qui n’ont pas pu être filmés en direct (trop dangereux, on peut le comprendre), soit, et ce serait beaucoup plus grave, il s’agit tout simplement de fake news fabriquées de toutes pièces. Une macabre mise en scène des casques blancs destinée à justifier une opération d’affaiblissement de Bachar el-Assad et de Vladimir Poutine inscrite au calendrier des néoconservateurs de la Maison-Blanche et du Pentagone.

Les faits, rien que les faits

Mais revenons aux bombardements du « site chimique » de Barzeh de vendredi et restons factuels : l’OIAC s’y était rendue pour inspection en février 2018. Dans ses conclusions, l’organisation indiquait n’avoir trouvé aucune trace d’expérimentation ou de fabrication d’armes prohibées. Donc la Syrie – sous surveillance occidentale permanente par satellites et drones – n’aurait mis qu’un mois à remettre sur pied des labos sans que personne ne s’en émeuve ? Ce sont de vrais malins à Damas… mais avec l’aide Moscou, tout devient possible !

Qu’est-ce qui a donc été bombardé à coup de missile à 1,2 M$ ou 3 M$ pièce ? Il en a été tiré plus de 100, soit 200 M$ au bas mot : ça fait cher le chantier de démolition d’un site sans intérêt stratégique ! Mais heureusement, pas de blessés et, surtout, pas de nuage toxique. Cette opération a tout du simulacre et répond à la nécessité d’aller au bout de la logique ». Sans quoi toute la narration s’effondre, la France – avec ses « preuves » – perd de sa crédibilité et Bachar el-Assad se retrouve dédiabolisé.

C’est ce que les marchés, qui ont rouvert en forte hausse, ont voulu retenir… ainsi que le fait que le Kremlin ait été prévenu de l’heure et des cibles visées par les frappes de la coalition. Le nombre de missiles qu’elles auraient réussi à abattre fait l’objet d’une controverse que personne n’est en mesure de trancher mais qui n’est pas dénuée d’un intérêt stratégique réel.

Le silence mutique de Poutine plaît aux marchés

En effet, la France a lancé trois missiles de nouvelle génération « MdCN » qui coûtent deux fois et demi plus cher que les « scalp » US équipant actuellement nos frégates lance-missile. Il fallait tester et si possible démontrer leur efficacité. Si les trois « MdCN » ont atteint leur objectif sans encombre, alors le test serait en partie réussi… car il resterait à démontrer leur capacité à échapper au système anti-missile S-400 développé par la Russie.

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