Le marché obligataire a salué à sa manière la fête nationale française, puisque ce 14 juillet, fait remarquable, le rendement des obligations françaises à 10 ans (OAT) est passé sous le niveau de l'OLO, son équivalent belge. En d'autres termes, en exigeant moins de rendement pour prêter à la France qu'à la Belgique, les investisseurs envoient un message clair : prêter à Paris est plus sûr que prêter à Bruxelles!
Retour en grâce de la dette française
La victoire d'Emmanuel Macron à l'élection présidentielle française n'est certainement pas étranger à cette situation, comme l'illustre les commentaires positifs de l'agence Moody's à son égard, le 14 juillet encore. L'agence a fait part de son optimisme à l’égard du candidat d'En Marche, estimant que son élection fournissait à Paris l’occasion de s’attaquer « aux défis susceptibles d’avoir une incidence négative sur le profil de crédit de la France ».
Après avoir été boudée durant les élections présidentielles, la dette française semble avoir retrouvé grâce auprès des investisseurs internationaux, aidée aussi par des commentaires positifs d’analystes, à l’instar de la Commerzbank (DE:CBKG) qui recommandait en mai dernier aux investisseurs de privilégier les obligations d’Etat françaises plutôt que leurs équivalents belges. Les valorisations actuelles des OAT reflètent déjà les risques liés à la prévision d’un double déficit en France l’an prochain, tandis que les emprunts belges sont onéreux, expliquait Michel Leister, responsable de la stratégie de taux pour la banque allemande, au quotidien français des affaires Les Echos.
Quelques jours auparavant, la France avait réalisé une opération remarquée sur le marché primaire, levant 7 milliards d’euros à 30 ans contre 4 milliards initialement prévus, face à une demande de plus 30 milliards.
Et pendant ce temps-là en Belgique, Benoît Lutgen, l'homme fort du cdH, décidait de débrancher la prise des gouvernements régionaux, conséquence du scandale Publifin en Wallonie et du Samusocial à Bruxelles, ouvrant une période d'incertitude marquée par les négociations entre les partis francophones. Sans compter les laborieuses discussions au niveau fédéral pour l'élaboration du budget...
Précisons que la dette française à long terme est notée « Aa2 » chez Moody’s depuis 2015, après avoir perdu son « AAA », la meilleure notation possible en 2012. La Belgique est quant à elle moins bien notée, d’un cran, à « Aa3 ».