Star déchue de la bourse de Bruxelles, IBA (Ion Beam Application) reprend de la hauteur ces dernières semaines. En soutien, la signature d’un accord stratégique à plus de 100 millions d'euros dégoté en Chine par le premier fournisseur mondial de solutions de protonthérapie pour le traitement du cancer.
Depuis l'annonce de ce deal le 25 août dernier, qui permet à la société wallonne de traverser, selon les termes du management, la crise sanitaire de manière encore plus sereine, l’action a repris plus de 50% pour se traiter ce mercredi au-dessus des 11 euros.
Dans le détail, ce contrat de quatre ans porte sur l’octroi par IBA de licences exclusives à la société CGN Nuclear Technology pour l’utilisation de sa technologie Proteus®PLUS en Chine.
Le montant de 100 millions d'euros comprend les droits de licence, un soutien technologique, la vente des machines Proteus®PLUS ainsi qu’un support à l’installation.
A l'annonce de ce deal qualifié de stratégique, IBA en a profité pour souligner que la protonthérapie allait s’étendre significativement dans les années à venir en Chine, et ce alors que Pékin a augmenté le nombre de licences accordées cette année.
Toujours selon la société dirigée par Olivier Legrain, le marché chinois de la protonthérapie attendait l'émergence d'un producteur local pour se développer. Pour IBA, qui peut désormais rêver de conquérir les hôpitaux chinois, il était essentiel de trouver un partenaire crédible et susceptible d'intégrer beaucoup de ses contenus technologiques. Et c'est manifestement le cas avec CGN Nuclear Technology.
Vers un rebond durable ?
Si la bourse a d’autant plus salué le « deal » qu’IBA a déjà perçu de son partenaire un montant cash de 20 millions d’euros, l'action s'échange encore bien loin de ses sommets atteints en mai 2017, lorsqu’elle se traitait au-dessus des 55 euros.
Faisant alors partie des valeurs très en vue de la place bruxelloise, IBA allait ensuite décevoir, sur fonds d’avertissement sur résultats en cascade, une visibilité limitée sur les contrats futurs, ou encore, une faiblesse des marges en raison d’une concurrence accrue sur le marché de la protonthérapie, dont la société détient le leadership avec ses équipements.
Pour IBA, la concurrence a essentiellement un nom, celui de Varian Medical (passé il y a peu sous le giron de l’allemand Siemens (SIX:SIEGn) Healthineers) qui peut se permettre de mener une politique de prix agressive. De quoi laisser dire aux analystes que la société néo-louvaniste ne pourra faire sans réduire ses marges bénéficiaires pour rester compétitif.
Parmi les suiveurs de longue date de l’action, KBC Securities a notamment salué la percée en Chine en rehaussant à 11 contre 9 euros précédemment son objectif de cours à douze mois.
Du côté d’IBA, on se montre serein, rappelant que ses équipements restent plus compacts que ceux proposés par la concurrence. Du reste, la société compte bien capitaliser sur le cap des 100.000 patients traités dans le monde par ses systèmes de protonthérapie qui vient d'être franchi.
Un carnet de commande "plus élevé que jamais"
On notera que la pandémie a pesé sur les comptes d’IBA, avec des revenus au premier semestre en repli de 14,3% à 109,7 millions d’euros, sur fonds de retards matériels découlant de la crise.
IBA met toutefois en avant un carnet de commandes en équipements et services plus élevé que jamais à 1,1 milliard d’euros.
Enfin, si le semestre s’est bouclé sur une perte nette de 12 millions d’euros, IBA peut s'appuyer sur une position de trésorerie confortable, améliorée par les rentrées liées à l'accord chinois.
A propos de la protonthérapie
La protonthérapie est l'une des formes de traitement du cancer les plus prometteuses et considérée comme la méthode de radiothérapie la plus avancée pour les traitements du cancer, explique IBA.
Utilisant un faisceau de protons à haute énergie pour irradier les tumeurs, elle permet de cibler les tumeurs avec une meilleure précision, en minimisant l'exposition aux radiations des tissus sains environnants et améliore ainsi la qualité de vie des patients pendant et après le traitement.
Alors que le nombre de patients traités par protonthérapie continue de croître, la reconnaissance de l'efficacité de cette technologie augmente également au sein de la communauté médicale. "Un grand nombre d'études cliniques sont actuellement en cours et leurs résultats ont le potentiel de marquer le commencement d'une nouvelle ère pour le traitement par protonthérapie", estime la société.
L'entreprise rappelle qu'elle a investi des ressources considérables dans la recherche et le développement de nouvelles approches pour minimiser le coût de la protonthérapie et la rendre plus accessible au maximum de patients atteints d'un cancer.