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Marchés : hyperdépendance des investisseurs aux banques centrales

Publié le 09/09/2019 13:04
Mis à jour le 09/07/2023 12:32
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Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr

Le CAC40 GR (« gross return ») avait clôturé à 15 222 points le 4 juillet dernier, à 15 208 points le 16 juillet, à 15 218 une semaine plus tard et à 15 180 points le 6 septembre, après avoir testé 15 199 points en intraday. Il va maintenant falloir beaucoup de flegme aux investisseurs pour maintenir l’indice au contact des 15 200 points et le CAC « PX1 » au contact des 5 600 points d’ici jeudi.

Et beaucoup d’habileté à Mario Draghi, futur ex-président de la BCE, lors de la conférence de presse de ce même 12 septembre pour ne pas décevoir les attentes des marchés, lesquels viennent de renouer avec leurs records absolus (à 0,2% près pour les indices de référence tricolores) pour la seule et unique raison qu’ils anticipent une déferlante d’annonces de soutien monétaire en mode « bazooka » (et il y a intérêt à ce que ce soit du gros calibre !), notamment la taille du TLTRO, dont le coup d’envoi (en plusieurs tranches) sera donné ce mois-ci.

Les opérateurs ne font même plus mystère de leur dépendance quasi-désespérée à la complaisance des banques centrales.

Ils reconnaissent bien volontiers que le cycle économique ne peut indéfiniment parcourir le même sillon, tel un disque rayé, parce que cela arrange tantôt un président en quête de réélection (en novembre 2020), tantôt un banquier central qui part à la retraite (en novembre 2019) et aimerait bien se retirer en pleine gloire avec une médaille de « bienfaiteur des marchés ».

Les banques centrales, expertes en maquillage des risques

Arrivé à un certain stade de subversion des lois économiques fondamentales, ce n’est même plus la volonté de complaire aux marchés qui prime, mais l’impératif d’éviter une « inversion de polarité » sur les taux puis par contagion sur les indices boursiers, prélude à un krach global d’un système financier qui « vole à l’envers » depuis dix ans.

Sauf que plus les banquiers centraux retardent l’échéance d’un dégonflement des bulles d’actifs, en promettant encore plus de liquidités gratuites, plus le risque d’un éclatement augmente. Tout le monde le sait, et eux les premiers.

Leur suprême habileté consiste depuis une décennie à maquiller le risque. Mieux : à empêcher son évaluation par les outils techniques classiques.

La suprême hypocrisie des marchés consiste pour sa part à faire semblant que ce « risque » a bien été terrassé (comme l’inflation depuis début 1981) et ne s’est pas insinué sous d’autres formes dans la sphère financière.

Tant que les mille-feuilles de prêts « prime » et « subprime » (produits dits « structurés ») étaient notés « AAA », le risque de défaut n’existait pas, à tout le moins officiellement. Puis les banques centrales ont orchestré, à travers le déploiement de stratégies d’apprentis sorciers de plus en plus non-conformistes et audacieuses, la suppression de toute possibilité de « découverte du prix du risque » sur le marché du crédit.

Le mécanisme de fixation « empirique » du loyer de l’argent est remplacé par la fixation arbitraire et pré-annoncée des taux d’intérêt (la fameuse « forward guidance »).

L’écrasement de la volatilité qui en résulte débouche sur la surgénéralisation des instruments de gestion « passifs » (ETF ou réplication indicielle pure), un phénomène dont découle la suppression de la « découverte » du prix des entreprises.

Le « biais de confirmation » (plus on y croit, plus le résultat s’avère conforme aux prédictions) de ces théories leur confère un caractère auto-réalisateur.

Les banques centrales jonglent avec ces théories dominantes avec habileté, truffant leurs communiqués – et les déclarations de leurs membres – de phrases-clefs qui « ancrent » les anticipations des investisseurs.

La visibilité reste le maître-mot, et c’est ce qui explique la cristallisation de stratégies qui semblent mener à des excès de valorisation absurdes (sur les valeurs du « luxe » et les semi-conducteurs notamment), mais qui reflètent une succession de décisions issues du même moule théorique et toutes parfaitement rationnelles.

Le constat de l’étroitesse de plus en plus flagrante des échanges quotidiens, avec à Wall Street des milliers de milliards de titres rachetés par les entreprises émettrices depuis une décennie grâce aux taux zéro, conduit les gérants à surpondérer les valeurs à large capitalisation, espérant pouvoir s’échapper sans trop peser sur les cours en cas de problème (tous espèrent pouvoir sauter dans le même canot de sauvetage en cas de naufrage).

Les « quants », c’est-à-dire les analystes quantitatifs, paramètrent les programmes d’achat en fonction de la liquidité, mais aussi de la récurrence des profits et de leur dynamique apparente, postulant que les conditions vont demeurer identiques aussi longtemps que les banques centrales poursuivront leur politique de réduction des taux.

Les anciens champions de la croissance tirent la langue

Pourtant, les signaux de ralentissement se multiplient chez les champions de la croissance de la décennie écoulée. L’Inde a par exemple fait état d’une croissance de 5% au deuxième trimestre, soit un point de moins qu’attendu par le gouvernement et un plus bas depuis 2014, et le chômage est au plus haut depuis 40 ans.

La croissance de la Chine demeure quant à elle officiellement supérieure à 6%, mais chacun sait bien qu’il s’agit d’un affichage « politique » et elle serait en réalité inférieure d’un tiers depuis des lustres.

Mais peu importe le score algébrique : ce qui compte, c’est la trajectoire et il se trouve que Pékin ne parvient pas à la redresser, malgré de multiples mesures de soutien au crédit (injections ciblées, taux « modulés » par secteur d’activité), à l’image d’un nouvel assouplissement des réserves obligatoires de banques vendredi dernier.

Les exportations chinoises ont ainsi rechuté de 1% le mois dernier en séquentiel, après un sursaut un peu inespéré de +3,3% en juillet, mais les importations ont enregistré un recul de 5,6% en données annuelles, dans un contexte de demande intérieure en berne.

Pékin semblait avoir marqué un point face à Bruxelles en accueillant durant trois jours Angela Merkel et tout un aréopage de grands patrons et de responsables du commerce allemands, mais la Chancelière a profité de son déplacement pour appeler l’Empire du Milieu à la non-violence à Hong Kong et pour critiquer le système de notation sociale des citoyens.

Ne reste plus à Berlin qu’à demander la libération des centaines de milliers de Ouïgours incarcérés au Xinjiang et l’arrêt de l’oppression de la douzaine de millions qui vivent en liberté surveillée, et l’humiliation diplomatique sera totale !

Dans le même temps, les manifestations contre l’ingérence de Pékin dans la gouvernance de Hong Kong ont repris de plus belle. Des dizaines de milliers de manifestants se sont en effet rassemblés devant le consulat américain, certains appelant Donald Trump à libérer Hong Kong tandis que la présidente de Taïwan Tsai Ing-wen continue de recueillir et d’aider des manifestants venus de l’ancienne colonie britannique.

Pékin aura beau jeu de dénoncer l’ingérence étrangère et la main de Washington derrière ces derniers développements géopolitiques. Le fait est que les motifs de tension sino-américains se multiplient et que rien de ce qui précède ne va se résoudre d’un coup de baguette magique de la BCE ou de la FED.

Soumis à la dictature du court terme, les marchés vont cependant continuer de faire comme si et le but du jeu sera de tenir le plus près possible des sommets (si possible au-dessus de 5 600 points à Paris, des 3 000 points sur le S&P500 et des 8 000 points sur le Nasdaq) jusqu’au vendredi 20 septembre, jour de la séance des « 4 sorcières ». Et de tenter de maximiser la mise avant que les banques centrales, déjà en mode panique, ne perdent le contrôle…

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