Le mois de mai 2018 ne devrait pas laisser de bons souvenirs dans l’histoire d’Aldesa. L’une des plus importantes entreprises espagnoles de construction a échoué à refinancer un emprunt obligataire existant et deux de ses ouvriers sont morts sur un chantier.
Malgré un coupon très généreux, l’entreprise familiale, axée sur les infrastructures de transport, mais aussi sur la construction de centrales solaires et éoliennes, a été forcée de postposer début mai l’émission d’un emprunt obligataire en euro, « en raison de conditions de marché insatisfaisantes», a-t-elle fait savoir à l’agence Bloomberg.
La compagnie espérait emprunter 300 millions d’euros pour une durée de 7 ans, avec la possibilité de racheter sa dette à l’issue des trois premières années. But de l’opération : refinancer et racheter par anticipation un emprunt existant, arrivant à échéance en 2021 et rémunéré par un coupon de 7,25%.
Émetteurs espagnols pris en grippe ?
Aldesa avait pourtant été plutôt large dans ses conditions, puisque la fourchette indicative du coupon tournait autour de 8,75% à 9%... Un tel niveau n’a plus été proposé depuis un certain temps, selon un observateur avisé du marché primaire. Il est aussi supérieur au coupon de la souche obligataire à refinancer, signe de la dégradation de la situation financière d’Aldesa ? Peut-être. Mais cela n’a pas été suffisant pour convaincre les investisseurs. Ceux-ci ont encore en mémoire les mauvais souvenirs laissés par Abengoa (secteur énergétique, déclaré en défaut de paiement fin 2015) et d’Isolux Corsàn (construction et concessions autoroutières, en cessation de paiement l’été dernier).
Dettes « sans recours »
Les deux groupes espagnols avaient aussi eu maille à partir avec la communauté financière après une certaine confusion sur la classification d’une série d'emprunts comme dette « sans recours » (c’est-à-dire empêchant les créanciers obligataires de se retourner contre la maison-mère, en cas de défaut de l’émetteur).
Sur le marché secondaire, l’obligation Aldesa (7,25% ; 2021) a chuté à 92,22% du nominal, après l’annonce du report de l’opération, début mai. Elle a ensuite dégringolé à 83,6% du nominal, en réaction à l’annonce d’investigations dans le cadre de la mort de deux ouvriers du groupe, victimes de l’effondrement d’un immeuble à Madrid dans lequel ils travaillaient.
