Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Nous sommes maintenant dans le vif du sujet concernant les publications semestrielles.
Après Michelin (PA:MICP) hier soir et avant LVMH (PA:LVMH) tout à l’heure post-clôture, quelques réactions boursières observées depuis la fin de semaine dernière ne me semblent pas très engageantes.
Outre Plastic Omnium (PA:PLOF), mon collègue Guillaume Duhamel évoquait récemment le cas d’un autre équipementier automobile, Faurecia (PA:EPED) (FR0000121147-EO), victime du caractère probablement un peu trop exigeant des attentes des opérateurs. Pourtant, le newsflow n’est pas si mauvais et le groupe a rehaussé ses guidances pour 2018, mais l’ampleur de ce relèvement a été jugée trop faible par les opérateurs.
C’est justement cette ambivalence entre bon newsflow et réaction boursière négative qui n’est à mon sens pas très engageante. Car quand un marché commence à ne plus acheter les bonnes nouvelles ou soi-disant bonnes nouvelles, c’est justement parce qu’il a déjà pricé le meilleur en amont (avec donc des attentes élevées)…
Faurecia et Atos (PA:ATOS), deux coups de semonce à retardement
C’est exactement ce qu’il s’est produit sur Faurecia vendredi, avec un titre qui avait ouvert en hausse vendredi matin, mais qui a clôturé en repli de plus de 7% vendredi.
La traduction graphique de ce constat boursier est visible avec la bougie journalière formée vendredi dernier, de type « avalement baissier ». Dans le jargon technique, cela signifie une ouverture en hausse, au plus haut, avant une clôture en baisse au plus bas.
Jugez plutôt.
Pas plus tard qu’hier, Atos (FR0000051732-ATO) a connu une mésaventure comparable. Après avoir gagné près de 3% dans les premiers échanges, le titre de la SSII plongeait en effet de plus de 6% à la cloche.
D’un côté, nous avons des semestriels globalement conformes aux attentes, quoique décevants sur certains aspects. De l’autre, l’acquisition de Syntel, annoncée dimanche, revêt certes une dimension stratégique évidente, mais elle a été jugée généreusement payée par certains.
Bref, il y a du pour et du contre dans les deux cas, ce qui s’est donc traduit en Bourse par une ouverture en nette hausse avant un revirement baissier très net.
Dans le cas de Faurecia comme dans celui d’Atos Origin, ces deux types de bougie en avalement n’ont en tous les cas jamais été très engageantes sur le court terme, surtout au vu des volumes.
On voit d’ailleurs bien au passage la différence avec par exemple Publicis (PA:PUBP) (FR0000130577-PUB), qui avait directement ouvert en important gap baissier de 6% jeudi dernier, sans contrepied inverse ensuite. Disons que les choses avaient dans ce cas précis le mérite d’être claires dès la matinée…
Un risk/reward tendu
Ces types de réactions illustrent selon moi le risk/reward tendu de cette saison des résultats, avec une lourde sanction en cas de déception (comme pour Publicis donc) et une certaine réserve voire pire même en cas de résultats meilleurs que prévu.
Je vous le concède : les cas de Peugeot (PA:PEUP) et d’Edenred (PA:EDEN), en forte hausse ce matin dans le sillage de comptes semestriels supérieurs aux attentes, nuancent cependant mon propos. Nous ne tarderons de toute façon pas à savoir s’ils sont les exceptions qui confirment la règle… ou plus exactement la tendance de cette saison des publications.
Avant Faurecia par exemple, Alstom (PA:ALSO) ou encore SAP (NYSE:SAP) ont eux aussi fait l’objet de dégagements malgré de bons semestriels (comme Faurecia, le géant allemand des logiciels avait même lui aussi relevé ses guidances annuels).
Me concernant, pour tout vous dire, j’étais à l’achat sur Faurecia jusqu’à jeudi soir, c’est-à-dire à la veille des résultats semestriels. Les réactions boursières sur Alstom et SAP m’ont cependant un peu fait « tiquer »… et conduit à encaisser finalement un petit gain sans « jouer » cette publication.
D’une façon générale, il semblerait que les chiffres doivent vraiment pulvériser le consensus pour qu’une action s’envole. Ou que les sociétés se montrent bien optimistes pour le second semestre 2018 (ce qui ne me semble pas acquis étant donné le contexte de guerre commerciale).
En résumé : ayez un money management serré cet été !