Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Le CAC40 ouvre un énorme gap au-dessus des 4 417 points et grimpe au-delà des 4 500. Un tel scénario nous laisse pantois alors que la Chine dévoile un plongeon de -6,8% de son PIB au 1er trimestre et un effondrement historique de -15,8% des ventes de détail au mois de mars.
Le pétrole se prend les chiffres chinois de plein fouet et dévisse de 8,3% vers 18,2$, inscrivant un nouveau plancher historique (depuis février 2002) sur la perspective d’un redémarrage lent et laborieux de l’économie mondiale et une absence de demande jusqu’à l’automne.
Pour les indices boursiers qui s’envolent de 3,5% en moyenne ce matin (journée des “3 sorcières”), nos économies s’acheminent au contraire vers un redémarrage rapide car nous allons peut-être assister à un “petit miracle” sur le plan sanitaire : un article de Barron’s qui indique que 125 patients auraient (conditionnel de rigueur) été – apparemment – guéris par le Remdesivir (développé par Gilead (NASDAQ:GILD)) alors que de nombreux tests à grande échelle publiés depuis 2 mois n’attestaient d’aucune efficacité de ce même médicament sur le Covid-19.
Voilà, c’est ça le “petit miracle”: la molécule de Gilead ne donnait aucun résultat sur le Covid-19, mais maintenant, ça marche. Un test sur 1 000 patients, ce n’est pas probant, mais sur 125 seulement, dont on ne connait rien de l’état de santé initial, c’est tout bon pour Wall Street.
Les marchés se saisissent en tout cas de ce prétexte – qui s’apparente à un colossal enfumage – pour finir le terme d’avril au plus haut depuis début mars, sur un gain potentiel de 27% sur le Nasdaq-100 qui afficherait désormais 3% depuis le 1er janvier.
Car il est évident qu’avec un pétrole ayant perdu 70% et un PIB anticipé à en chute de 8% en 2020 aux Etats-Unis, tout va beaucoup mieux aujourd’hui que le 31 décembre 2019.
Mais des investisseurs s’accrochent au scénario d’un redémarrage imminent de l’économie américaine alors que Donald Trump vient justement de laisser tomber jeudi soir son objectif d’un retour à une activité normale au 1er mai, laissant chaque gouverneur décider ou non de lever les mesures de confinement dans leur Etat respectif.
Donc on résume :
– pas de reprise globale de l’activité au 1er mai aux Etats-Unis, au mieux très graduelle ;
– effondrement historique du pétrole vers 18$ car pas de reprise mondiale anticipée avant plusieurs trimestres ;
– la pandémie continue de progresser aux Etats-Unis avec un record de 4 590 décès jeudi ;
– les indices boursiers s’envolent de 3,5% car le Covid-19 est quasiment vaincu (!) et la reprise est imminente.
A ce niveau de schizophrénie, il devient impossible de définir une stratégie d’investissement sensée !