Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Pas de plan de trade ce mercredi, mais un focus ! Cela fait en effet plusieurs fois que des lecteurs m’interpellent, ne comprenant pas pourquoi ils ont acheté une action à tel ou tel prix et que leur logiciel d’analyse technique leur montre un prix susceptible d’être sensiblement différent. Alors attention : si vous êtes un adepte de l’analyse graphique, ce qui va suivre peut se révéler EXTRÊMEMENT important et vous éviter bien des déconvenues.
A titre d’exemple, un lecteur m’a contacté l’année dernière. Voici en substance le mail qu’il m’a envoyé : « Gilles, j’ai acheté des actions Orange (FR0000133308-ORA) en juin 2015 à 13,69€, je m’en souviens bien ! Mais lorsque je consulte les graphiques fournis par mon application, le prix d’achat au jour où je les ai achetées n’est pas de 13,69€ : il apparaît autours de 12€, soit 15% de différence ! »
Pas plus tard qu’hier, un autre lecteur est venu m’alerter sur le fait que « les valeurs de prix sur (mes) graphiques ne correspondent pas à ce qui s’affiche sur son logiciel de trading ».
Etant donné qu’on me pose régulièrement ce genre de questions, plutôt que de répondre individuellement, et sachant que d’autres lecteurs pourraient aussi s’interroger silencieusement, j’ai préféré rédiger un article de fond afin de résoudre cette énigme qui n’en est pas une.
Après tout, s’agissant d’une action, un prix devrait pour ainsi dire être un prix, en d’autres termes être identique partout. Théoriquement oui, mais pas toujours ! Et la différence que vous aurez peut-être observée provient du fait que certaines plateformes graphiques utilisent le cours spot (ou le cours « réel ») pour afficher les graphiques.
D’autres – beaucoup plus rares – procèdent de leur côté à des « réajustements » des historiques de données réelles afin d’artificiellement diminuer le prix du montant des dividendes distribués.
Quand le dividende fait la différence
Grosso modo, plus une action distribue de dividende, plus les cours retraités informatiquement par ces (rares) applications vont apparaître différents de ce qu’ils étaient en réalité. D’où la réponse aux interrogations des internautes que j’évoquais en préambule : il s’agit dans leurs cas d’historiques ajustés des distributions de dividendes.
Prenons l’exemple d’Orange, sachant que l’opérateur historique est coutumier du versement de dividendes substantiels. Ci-après, un premier graphique vous montre le cours de l’action « non tripatouillé », comprenez le prix tel qu’il était constaté au jour le jour.
Comparons maintenant avec la version réajustée en fonction de la distribution des dividendes. J’ai ici délibérément conservé les zones graphiques de supports/résistances qui apparaissent sur le premier « graphe » afin de mettre les disparités en lumière.
Référez-vous aux cours réels !
En fait, l’impact sur vos prises de décision peut s’avérer extrêmement important car la première chose à faire quand on s’apprête à acheter ou à vendre une action est de procéder à un cadrage graphique, afin de savoir précisément où l’on met les pieds. L’objectif est en l’occurrence de repérer les zones de supports et de résistances sur lesquelles les institutionnels et leurs algorithmes interviennent pour faire rebondir les prix ou au contraire revendre tout ou partie de leurs positions.
Les professionnels des marchés et leurs algorithmes se réfèrent évidemment à des cours « réels » et non réajustés. Aussi, quand ils achètent une action à 100€, c’est ce qu’ont en mémoire leurs systèmes de gestion et ce que montrent leurs plateformes de trading, pas autre chose.
Leurs niveaux d’intervention sont parfaitement lisibles sur le premier graphique, mais pas du tout sur le second.
Au surplus, si vous utilisez des indicateurs techniques, leurs signaux vont être complètement biaisés par le réajustement artificiel et peuvent donc aussi vous conduire à prendre de mauvaises décisions. Et si vous utilisez des approches fondées sur la force relative d’une action par rapport à son indice, c’est encore pire.
Bref, en conclusion : appuyez-vous sur les cours réels, non sur les cours « tripatouillés », qui ne sont utiles que pour des mesures comptables que je ne développerai pas dans cet article.
Si vous avez de la chance, vous utilisez peut-être comme moi une application réellement « pro » qui vous permet d’afficher l’une ou l’autre des représentations à votre convenance mais vous savez maintenant laquelle des deux il est préférable d’utiliser.
Si vous utilisez ProRealtime et que vos graphiques sont différents des miens, allez dans « Option » puis dans la sous-catégorie « Option de plateforme ». Ensuite, décochez l’option « historiques ajustés aux dividendes ». Les zones d’intervention, les reports d’amplitudes et la panoplie des figures graphiques seront alors visibles et exploitables.
Bonne journée à tous,
Gilles