Le Portugal, dont l'objectif de déficit public semble compromis cette année en raison d'une baisse de recettes fiscales, pourrait être contraint, à l'instar de la Grèce, de demander plus de souplesse dans la mise en oeuvre du plan d'austérité imposé par ses créanciers, selon les analystes.
D'après la direction générale du budget, les recettes fiscales ont reculé sur les sept premiers mois, de 3,5% sur un an, en raison notamment d'une forte baisse de la consommation sur fond de récession, avec une contraction de l'économie prévue de 3% cette année et un taux de chômage record, actuellement à 15%.
Dans ce contexte, le gouvernement ne sera pas en mesure de respecter l'objectif de déficit public de 4,5% du PIB à la fin de l'année, s'accordent à dire de nombreux analystes et il devra trouver entre deux et trois milliards d'euros pour compenser cet écart budgétaire.
Le ministre des Finances, Vitor Gaspar, "a perdu le combat", affirme le quotidien Diario Economico ajoutant qu'il n'a pas su "prévoir l'impact de la récession dans les recettes fiscales".
"Ces chiffres préparent les responsables nationaux et internationaux à une plus grande souplesse du plan d'ajustement budgétaire" du Portugal, a indiqué à l'AFP l'économiste Paulo Mourao de l'Université du Minho.
Le Portugal a obtenu en mai 2011, de l'Union européenne et du Fonds monétaire international, un prêt de 78 milliards d'euros, en échange d'un programme de rigueur et de réformes visant à assainir ses finances publiques et relancer son économie.
En échange, le gouvernement s'était engagé à ramener son déficit public à 3% du PIB en 2013, après un résultat meilleur que prévu en 2011, à 4,2%, grâce à des mesures exceptionnelles.
Mais la mesure phare de la politique d'austérité du gouvernement de centre droit, qui consistait à supprimer les 13e et 14e mois des fonctionnaires et des retraités gagnant plus de 1.000 euros par mois en 2012, 2013 et 2014, a été jugée anticonstitutionnelle.
L'exécutif, qui va commencé à préparer le budget 2013 à la rentrée, devra ainsi trouver une mesure équivalente équitablement répartie pour compenser le manque à gagner.
La troïka UE-FMI-BCE, représentant les bailleurs de fonds du pays, a déjà exprimé sa préférence pour des mesures axées sur les baisses des dépenses et les réformes structurelles.
Le gouvernement, qui maintient pour l'instant officiellement ses objectifs budgétaires pour cette année, a toutefois déjà admis en juin dernier que l'"effort nécessaire sera très important".
Une source du ministère des Finances, citée jeudi par l'agence de presse Lusa, a reconnu que pour corriger l'écart budgétaire d'ici à la fin de l'année, le gouvernement devra adopter des mesures de rigueur supplémentaires ou obtenir un assouplissement des objectifs.
"Nous nous attendons à ce que le Portugal demande bientôt une extension du plan de sauvetage", a estimé récemment la banque américaine Citigroup dans un rapport, prévoyant que Lisbonne "manque l'objectif de déficit" en 2012.
"Cet échec budgétaire pourra avoir des conséquences dans la crédibilité externe du pays auprès des investisseurs internationaux, compliquant ainsi un retour déjà difficile aux marchés en septembre 2013", comme le prévoit le plan d'assistance, a affirmé Bruno Proença, directeur du Diario Economico.
Mais selon lui, de nouvelles mesures de rigueur, "ne résoudront rien et ne feront que plomber davantage l'éconmie".
La troïka attendue mardi à Lisbonne pour sa cinquième mission d'évaluation du plan de sauvetage du Portugal, devra se prononcer sur les différents scénarios possibles.
Les créanciers du Portugal avaient toutefois déjà reconnu en juillet que les "risques budgétaires" avaient augmenté, mais estimaient que l'objectif du déficit pour 2012 restait "à portée".
L'exécution budgétaire du Portugal est également un échec pour la Troïka, a observé M. Mourao, car leur recette n'est pas adaptée à la situation du pays, dans la mesure où "elle a été prévue pour être exécutée dans un contexte de croissance économique".