Pas un paquet de cigarettes à moins de 6,10 euros au 1er octobre et les marques les plus vendues à 6,60 euros: le ministre du Budget a homologué vendredi une augmentation de prix de 40 centimes, réactivant l'inquiétude des buralistes, dans un marché en baisse.
Si la hausse des prix du tabac était prévue par l'ancien gouvernement et confirmée par le nouveau, l'augmentation arrondie à 40 centimes par paquet va au-delà des 6% annoncés.
Les marques les moins chères passeront de 5,70 à 6,10 euros, soit une hausse de 7%. Pour les marques les plus chères, actuellement à 6,20 euros et bientôt à 6,60 euros, la hausse est de 6,5%.
Cette augmentation est la plus importante depuis 2003/2004, période durant laquelle plusieurs hausses successives, décidées au nom de la politique de santé publique, s'étaient traduites par un renchérissement du paquet d'environ 40%.
"La hausse des prix est considérée par les spécialistes comme le moyen le plus efficace pour réduire la consommation de tabac, en particulier chez les jeunes. Cette politique de Santé publique est donc poursuivie", explique le ministère du Budget dans un communiqué.
Les associations anti-tabac estiment cependant que seule une hausse minimum de 10% peut avoir un effet sur la consommation.
"40 centimes de plus, c'est très fort", a réagi Pascal Montredon, patron des buralistes, surtout inquiet pour ses collègues des zones frontalières.
La nouvelle hausse accroît encore la différence de prix avec l'Espagne où le paquet de Marlboro (marque la plus vendue) est à 4,25 euros contre 6,60 euros bientôt en France, mais aussi avec l'Allemagne (5,16 euros) la Belgique (5,05 euros), l'Italie (4,90 euros) et le Luxembourg (4,40 euros).
Cela risque de se traduire par un déport des achats des fumeurs français vers les buralistes étrangers, ou vers du tabac de contrebande.
Ventes en baisse
Plusieurs études, dont une des services des Douanes, ont montré que déjà une cigarette sur cinq fumée en France n'est pas été achetée dans un bureau de tabac français, mais légalement à l'étranger ou illégalement sur internet, dans la rue ou des commerces peu scrupuleux.
M. Montredon demande "un vrai plan de lutte contre le marché parallèle".
D'autant que cette hausse intervient dans un contexte de ventes en baisse et à la veille de mesures européennes visant à lutter contre le tabagisme.
Les ventes de cigarettes ont reculé de 4,2% depuis le mois de janvier, selon le blog lemondedutabac.com. Entre octobre (date de la précédente hausse) et juin, la baisse était de 4,3%, selon des données d'Altadis Distribution France, qui détient quasiment le monopole de livraison des bureaux de tabac.
Les hausses de prix de 2009 et 2010 avaient eu peu d'effets sur les ventes de cigarettes en volume.
En valeur, le marché reste ces dernières années en croissance, grâce aux augmentations successives de prix.
Pour ajouter à la déprime des buralistes, la Commission européenne est en train d'élaborer une directive qui pourrait rendre obligatoire les paquets neutres (sans logo, ni image de marque) et interdire les étals dans leurs magasins.
Ces mesures, tout comme le plan anti-tabac en cours d'élaboration au ministère de la Santé qui pourrait viser des mesures similaires, inquiète davantage les fabricants de cigarettes.
Ainsi, le groupe Seita-Imperial Tobacco espère que le gouvernement adopte une "approche mesurée dans l'élaboration de son plan santé". "En tant que principal acteur du secteur", le fabricant des Gauloises appelle "à mettre en place rapidement une authentique concertation avec la filière sur le sujet".
Le tabac est à l'origine de 66.000 morts par an en France.