L'armateur français CMA CGM compte sur l'entrée du Fonds Stratégique d'Investissement (FSI) à son capital, annoncée mardi, pour poursuivre son effort de désendettement et accompagner sa stratégie de développement dans des régions du globe à fort potentiel.
Le FSI s'est dit prêt à investir 150 millions de dollars (115 millions d'euros) dans l'armateur français en difficulté CMA CGM, numéro trois mondial du transport maritime par conteneurs.
"L'arrivée du FSI est une reconnaissance pour CMA CGM de la pertinence de sa stratégie sur toutes les mers du globe", a déclaré à l'AFP Rodolphe Saadé, directeur général délégué du groupe.
L'accord prévoit que l'investissement du FSI se fera "sous la forme d'obligations remboursables en actions (ORA), donnant accès à 6% du capital à terme", selon un communiqué de CMA CGM.
"Par ailleurs, dans le cadre des accords existants, le groupe (turc) Yildirim renforcera sa participation dans le groupe CMA CGM à hauteur de 100 millions de dollars (78 millions d'euros), sous la forme d'obligations remboursables en actions donnant accès à 4% supplémentaires du capital à terme", précise le texte.
L'actionnaire Yildirim "devrait passer de 20 à 24%, la famille Saadé conservant la majorité absolue des parts à 70%", a précisé Rodolphe Saadé.
Cela fait longtemps que le FSI et la famille Saadé discutent sans jusqu'à présent avoir pu trouver un accord.
L'armateur, qui bataille avec une énorme dette de cinq milliards de dollars doublée d'une conjoncture difficile dans le transport maritime, doit se recapitaliser s'il veut poursuivre son développement.
D'autant plus que les Saadé veulent investir dans de nouveaux navires et partir à l'assaut de régions du monde à fort potentiel comme l'Afrique de l'ouest, la Russie ou l'Amérique du sud.
Le groupe doit donc redresser le barre de ses finances, ce qu'il prévoit de faire dès 2012, après une année 2011 où il avait enregistré une perte nette de 30 millions de dollars.
Sur les six premiers mois de l'année, il a enregistré une perte de 61 millions de dollars malgré un résultat trimestriel positif.
Vers une introduction en Bourse
"Mais nous prévoyons un résultat positif à la fin de l'année, aux environs de 400 millions de dollars", a assuré Rodolphe Saadé.
Pour retrouver la voie de la santé financière, CMA a engagé un important plan de cession d'actifs qui l'a conduit à lâcher il y a quelques semaines la Compagnie du Ponant, son croisiériste de luxe, au fonds Bridgepoint, et 50% de sa participation dans Malta Freeport à son actionnaire Yildirim (pour près de 300 millions de dollars).
"Nous espérons conclure dans les prochaines semaines la cession de 49% Terminal Link", l'opérateur de gestion portuaire du groupe, a précisé Rodolphe Saadé.
CMA CGM pourrait alors faire une excellente affaire: la valorisation de Terminal Link approcherait un milliard de dollars, selon certaines estimations.
L'arrivée du FSI au capital de CMA CGM, outre le fait de renforcer ses fonds propres, doit aussi l'accompagner vers une future introduction en Bourse d'ici à 2020.
"C'est l'horizon que l'entreprise s'est fixé et c'est aussi celui que nous soutenons", a déclaré à l'AFP Thomas Devedjian, le directeur du FSI.
"Nous avons là une société avec un potentiel très important, qui était à la recherche d'une plus grande stabilité et qui trouve avec le FSI un actionnaire de long terme", a-t-il souligné.
Il a toutefois précisé qu'il s'agissait pour l'instant d'un "accord de principe dont la conclusion définitive n'interviendrait "qu'après accord trouvé entre CMA CGM et ses banques créancières".
Une fois l'accord définitif signé, et avant même conversion des obligations en actions, le FSI disposera d'un représentant au conseil d'administration de CMA CGM et d'un censeur, selon le FSI.