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Acculé, l'Irak veut redessiner ses circuits électriques

Publié le 28/11/2018 09:39
Mis à jour le 28/11/2018 09:45
Un entrelacs de fils électriques partant d'un générateur alimentant des maisons à Bagdad pour pallier les coupures du réseau public. Photo prise le 26 juillet 2018 (Photo AHMAD AL-RUBAYE. AFP)

Un entrelacs de fils électriques partant d'un générateur alimentant des maisons à Bagdad pour pallier les coupures du réseau public. Photo prise le 26 juillet 2018 (Photo AHMAD AL-RUBAYE. AFP)

Depuis des années, tous en Irak réclament sa refonte. Aujourd'hui, le secteur électrique a décidé de passer à la vitesse supérieure, acculé par les sanctions américaines contre son fournisseur iranien et les manifestations de l'été.

Avec le technocrate Louaï al-Khatib à sa tête depuis quelques semaines, le ministère de l'Electricité planche pour remettre sur pied les centrales vétustes ou endommagées par les violences, trouver d'autres pays d'où importer de l'énergie et récupérer les impayés de dizaines de milliers de foyers.

Le ministère espère ainsi arriver à générer suffisamment d'électricité pour couvrir la hausse de la demande en été, quand les températures montent à 50 degrés Celsius poussant les Irakiens à utiliser abondamment l'air conditionné.

Privés parfois pendant vingt heures par jour d'électricité, les Irakiens n'hésiteront pas à redescendre dans les rues, comme ils l'ont fait l'été dernier obtenant le départ de l'ancien ministre de l'Electricité.

Le ministère est aussi sous pression des Etats-Unis. Ils lui ont donné 45 jours pour trouver les moyens de mettre fin à sa dépendance énergétique de l'Iran, pays voisin et allié de l'Irak mais que Washington considère comme ennemi.

Bagdad va présenter "sous trois semaines" un plan pluriannuel pour cesser d'importer d'Iran 28 millions de mètres cubes de gaz par jour et 1.300 mégawatts d'électricité, a affirmé à l'AFP le porte-parole du ministère de l'Electricité, Mossaab al-Moudarris.

- "Pas de solution instantanée" -

L'Irak propose de ne plus acheter d'électricité iranienne sous 18 mois.

Il continuera toutefois d'acquérir du gaz iranien car l'Irak, deuxième producteur de pétrole de l'Opep, n'utilise jusqu'ici qu'une infime partie de son gaz qui se perd dans le feu des torchères.

Avec ce plan, l'Irak pourrait obtenir une prolongation "d'un ou deux ans" de l'exemption américaine initialement prévue pour 45 jours.

"Il n'y a pas de solution instantanée", plaide M. Moudarris.

Si les réserves prouvées d'Irak représentent 153 milliards de barils de brut, il faut du gaz et du carburant de meilleure qualité pour les turbines des centrales.

Actuellement, avec son propre carburant et le gaz iranien, l'Irak produit environ 16.000 mégawatts (MW). Loin de la demande évaluée à 24.000 MW durant l'année et à jusqu'à 30.000 MW en été.

Pour l'Iraq Energy Institute, une partie de la solution est technique: 30 à 50% de l'énergie se perd pendant son acheminement.

Pour réhabiliter ses infrastructures, l'Irak a signé des memorandums d'entente avec l'Allemand Siemens (SIX:SIEGn) -10 milliards de dollars (8,9 milliards d'euros) - et l'Américain General Electric (NYSE:GE) -15 milliards USD.

Si ces projets voient le jour, ils assureront 24.000 MW supplémentaires sous cinq ans. Dans l'immédiat, le ministre de l'Electricité a demandé des solutions "express" pour l'été.

Pour remplacer l'Iran, l'Irak pourrait aussi acheter 300 MW à la Turquie, autant à la Jordanie et au Koweït, et de l'énergie solaire saoudienne, affirme M. Moudarris. Le président irakien Barham Saleh vient d'ailleurs de visiter Amman, Koweït et Ryad.

- "Sans réforme, échec garanti" -

Pour financer ces grands projets, Bagdad entend récupérer un dû qu'il attend depuis longtemps.

"Nous perdons environ 60% de nos revenus à cause de particuliers qui ne paient pas leurs factures", assure à l'AFP M. Moudarris.

Depuis 2017, l'Etat a privatisé l'approvisionnement en électricité dans certains quartiers, comptant sur le contentieux du privé pour être plus efficace que lui.

Samir Hussein, depuis 20 ans au département de la distribution du ministère, assure avoir déjà vu la différence.

"Quand les gens paient, ils réduisent leur consommation de moitié. Du coup, je peux rediriger des mégawatts vers d'autres quartiers et y réduire les coupures", explique-t-il.

Mais même une fois collecté, cet argent pourrait ressortir aussitôt des caisses car l'Etat a lui aussi des factures en retard.

Le projet de budget examiné par le Parlement inclut près de 1,2 milliard de dollars d'"impayés" d'électricité et de gaz à l'Iran.

L'argent récupéré auprès des consommateurs risque aussi de ne pas être utilisé en investissement mais pour financer le budget de fonctionnement du ministère qui, héritage du clientélisme politique, compte 140.000 fonctionnaires, note Harry Estepanian, spécialiste de l'énergie.

A titre d'exemple, souligne-t-il, le Koweït produit quasiment autant d'électricité, mais avec seulement 12.000 fonctionnaires.

En outre, après de récentes accusations de corruption massive, M. Khatib a promis d'enquêter.

"Quoi qu'il fasse, sans réforme, c'est l'échec garanti", tranche M. Estepanian.

Et l'Irak doit anticiper la demande énergétique à venir.

Actuellement faible dans les provinces ravagées par les combats contre les jihadistes, "elle augmentera de 7 à 10% quand la reconstruction commencera", prédit M. Estepanian. "Le fossé entre demande et production se creuse".

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