MARSEILLE (Reuters) - Le préfet des Bouches-du-Rhône a pris mercredi un arrêté d'urgence pour ordonner la réparation des dommages causés par un accident de pollution de l'air qualifié de "grande ampleur" dans l’usine d’alumine Alteo de Gardanne (Bouches-du-Rhône).
"Le préfet a pris un arrêté d’urgence demandant à l’exploitant de mettre en oeuvre, à sa charge et en lien avec les services de la commune de Bouc-Bel-Air, les moyens nécessaires pour supprimer dès à présent les conséquences et les nuisances générées par les retombées de poussières sédimentables chez les riverains", précise la préfecture dans un communiqué.
Le maire de Bouc-Bel-Air, Richard Maillé, a porté plainte lundi contre l'usine d'alumine à la suite à la pollution de sa commune dimanche par un nuage de poussières rouges en provenance du site stockant des résidus de bauxite.
Des lotissements de la commune, une école et des édifices publics ont été souillés par les résidus emportés par le vent violent qui a soufflé le week-end dernier sur le département.
Selon la préfecture, le site de déchets de résidus minéraux exploité par Alteo "a été à l'origine d'un accident de pollution de l'air de grande ampleur" avec des conséquences sur l'environnement.
Elle somme l'exploitant de lui fournir un rapport d'accident "sous quinze jours", précisant que ses services procèderont à un contrôle des opérations de nettoyage.
Le groupe Alteo est régulièrement pointé du doigt par les associations de défense de l'environnement pour avoir déversé pendant des années des boues rouges dans la Méditerranée.
Le site des Bouches-du-Rhône, qui représente 440 emplois directs et 300 indirects, a obtenu en décembre 2015 l'autorisation de poursuivre le rejet en mer d'effluents liquides, au coeur du Parc national des Calanques.
Selon l'industriel, une nouvelle station de traitement des eaux a permis de cesser définitivement le rejet de boues rouges en mer.
Le gouvernement socialiste de Manuel Valls a pris la décision en 2015 de prolonger l'activité d'Alteo et, pour six ans, le rejet dans la mer d'effluents aqueux dépassant les seuils réglementaires. Une décision confortée par le tribunal administratif de Marseille.
L'usine d'alumine bénéficiait depuis 1966 du droit de rejeter les résidus solides du traitement de la bauxite à une profondeur de 320 mètres dans un canyon marin au coeur du parc national. Quelque 20 millions de tonnes de boues rouges ont depuis été déversées sur plus de 2.000 km2 de fonds marins.
(Jean-François Rosnoblet, édité par Yves Clarisse)