par Chine Labbé
PARIS (Reuters) - Le fondateur et émir du groupuscule islamiste Forsane Alizza, dissous en mars 2012 par le gouvernement, a été condamné vendredi à neuf ans de prison ferme avec une période de sûreté des deux tiers par le tribunal correctionnel de Paris.
Cette peine, conforme aux réquisitions du parquet, est assortie d'une interdiction de droits civiques pendant cinq ans.
Mohamed Achamlane, 37 ans, a été condamné pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et détention illégale d'armes.
Au premier jour de son procès, le 8 juin dernier, Mohamed Achamlane s'était revendiqué d'un islam "décomplexé" mais avait démenti toute intention violente, niant les "pseudo-projets" évoqués par les enquêteurs.
Son groupe créé en 2010 pour, selon lui, enrayer l'islamophobie en répondant "coup pour coups à certains sites identitaires, avait pour objectif de "canaliser l'énergie" de jeunes musulmans pouvant être tentés par la violence, avait-il dit.
Mais pour le procureur, Forsane Alizza était un "groupuscule organisé pour la mise en place d'actions" qui "a choisi de cacher la vérité".
Yassin Salhi, l'auteur présumé de l'attentat commis le 26 juin dernier en Isère, a été proche en 2011 d'un "individu gravitant autour de la mouvance Forsane Alizza", selon le procureur de Paris.
Les éléments apparus à l'audience attestent de "la volonté (du groupe) de commettre un acte terroriste", a estimé vendredi le tribunal correctionnel.
Des propos dans lesquels il disait vouloir "balafrer la France" ont notamment été retenus contre Mohamed Achamlane, ainsi que ses recherches internet sur la fabrication d'explosifs et la détention d'armes, dont des kalachnikovs délimitarisées susceptibles d'être remises en état de marche.
"PERSPECTIVE D'UN PASSAGE À L'ACTE"
"Le terrorisme ça ne commence pas au passage à l'acte", a estimé vendredi Me Antoine Casubolo Ferro, avocat de l'Association française des victimes du terrorisme, partie civile dans le dossier.
"On ne peut pas prédire ou préjuger de ce que ces gens auraient fait, mais comme l'a dit le président et comme l'a montré l'audience, il y avait vraiment une mise en perspective d'un passage à l'acte."
Treize autres anciens membres du groupe ont été condamnés à des peines allant d'un an de prison avec sursis à six ans de prison ferme.
Forsane Alizza - "Les cavaliers de la Fierté" en arabe - était soupçonné d'avoir cherché des cibles d'actions potentiellement violentes parmi des "ennemis de l'islam", notamment des personnalités d'extrême droite.
Des soupçons matérialisés par la saisie de nombreuses armes en perquisition et l'organisation d'entraînements physiques au caractère "très connoté", selon l'accusation.
Une liste de commerces juifs à Paris et en proche banlieue, parmi lesquels plusieurs Hypercachers, semblables à celui où quatre personnes ont été tuées le 9 janvier dernier à Paris, Porte de Vincennes, avait également été découverte sur un fichier intitulé "cibles" appartenant à Mohamed Achamlane.
Mais ce dernier avait assuré à l'audience qu'il ne s'agissait que d'une liste de commerces susceptibles d'être la cible d'un boycott.
(édité par Yves Clarisse)