DETROIT (Reuters) - Un membre du groupe d'experts qui avait aidé à restructurer General Motors en 2009 s'est associé à des fonds d'investissement pour réclamer un siège au conseil d'administration et demander un engagement concret de rachat d'actions, a annoncé mardi le constructeur automobile.
Harry Wilson a informé le groupe de Detroit qu'il se porterait candidat pour un poste d'administrateur lors de la prochaine assemblée générale annuelle et qu'il demandait un programme de rachat d'actions d'un montant de huit milliards de dollars (7,1 milliards d'euros).
GM fait l'objet de pressions croissantes pour redistribuer à ses actionnaires une partie de ses quelque 37 milliards de dollars de liquidités, dont 25 milliards de réserves de cash.
"L'action ordinaire du groupe est considérablement sous-valorisée, le groupe est considérablement surcapitalisé et ce rachat de valeurs sous-valorisées entraînera une création de valeur considérable", fait valoir Harry Wilson dans la lettre dévoilée mardi par GM.
L'ex-membre de la "task force" de 2009 dit agir pour son compte propre et au nom des fonds d'investissement Taconic Parties, Appaloosa Partners, HG Vora Parties et Hayman Parties, qui ensemble détiennent environ 34,4 millions d'actions GM, soit 2,1% du capital.
Wilson, qui avait déjà déploré en mai dernier la faible valorisation des actions GM, recevra un pourcentage du profit réalisé par le groupe de fonds sur cette opération.
A Wall Street, l'action GM s'adjuge 2,8% à 37,00 dollars vers 18h10 GMT.
GM a annoncé la semaine dernière un relèvement de 20% de son dividende et son directeur financier Chuck Stevens a indiqué à Reuters que d'autres distributions aux actionnaires pourraient avoir lieu au deuxième semestre 2015 si GM a résolu d'ici là ses problèmes juridiques liés à des rappels massifs de voitures.
Le groupe s'est refusé à tout commentaire mardi mais l'initiative de Harry Wilson, aujourd'hui âgé de 43 ans, vient clairement défier les 13 membres du conseil d'administration, qui remettront tous leurs mandats en jeu lors de l'assemblée générale habituellement organisée en juin.
Wilson, qui a fondé en 2011 sa propre société, Maeva Group, n'est pas le premier à s'en prendre à la direction de GM.
Dans les années 1980, le milliardaire texan H. Ross Perot, alors premier actionnaire de GM, avait contesté l'action du président d'alors, Roger Smith. Le conflit avait pris fin avec le rachat par le groupe de la participation de son bouillant actionnaire en 1986.
En 1992, les administrateurs indépendants du groupe, emmenés par le "gourou" de la gouvernance d'entreprise Ira Millstein, avaient débarqué le directeur général Bob Stempel, tenu pour responsable de la dégradation des résultats de l'entreprise.
En 2005, le raider Kirk Kerkorian est entré au capital du groupe et a poussé le directeur général d'alors, Rick Wagoner, à se rapprocher de l'alliance Renault-Nissan dirigée par Carlos Ghosn. Rick Wagoner, soutenu par son conseil d'administration, a résisté avec succès à la campagne de Kerkorian, qui a fini par vendre ses parts en 2006.
Trois ans plus tard, le constructeur en faillite était renfloué par le gouvernement et subissait une lourde restructuration supervisée par l'équipe d'experts dont faisait partie Harry Wilson.
Le gouvernement a vendu ses dernières actions en 2013.
(Ben Klayman, Véronique Tison pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)