Les actionnaires aquitains de l'aéroport de Bordeaux, en majorité des collectivités locales, ont annoncé jeudi la création d'un collectif pour défendre le maintien de l'aéroport dans le giron public, demandant notamment à l'Etat de leur céder une partie de ses parts afin qu'ils deviennent majoritaires.
Cette annonce intervient dans un contexte d'ouverture du capital des principaux aéroports français. Fin 2014, un groupe chinois a acquis 49,9% de la société d'exploitation de l'aéroport de Toulouse. Par ailleurs, l'article 49 du projet de loi Macron autorise le transfert au secteur privé de la majorité du capital des sociétés gérant les aéroports de Nice et Lyon.
Sixième aéroport français, l'aéroport de Bordeaux a connu une sixième année de hausse consécutive de son trafic en 2014, avec près de 5 millions de passagers, soit une hausse de 7%, augmentation la plus forte du territoire.
"Face à ces clignotants tout au +vert+ et à l'éventualité de la cession des parts de l'Etat (...), les actionnaires locaux ont souhaité adopter une position commune: éviter un changement de cap et la prise de contrôle par un gestionnaire aéroportuaire privé", ont indiqué lors d'une conférence de presse les responsables des collectivités actionnaires, dont Alain Juppé, maire de Bordeaux et président de Bordeaux Métropole, ainsi qu'Alain Rousset, président de la Région Aquitaine.
L'aéroport est détenu à 60% par l'Etat, les 40% restants étant répartis entre la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Bordeaux et les collectivités locales (Région Aquitaine, département de la Gironde, Bordeaux Métropole, villes de Bordeaux et de Mérignac).
Les élus, ainsi que le président de la CCI, Pierre Goguet, ont défendu l'idée d'"un pacte public pour rester maîtres à bord". Ils se sont notamment dit prêts à "se porter, dès à présent, acquéreurs de 10% plus une voix des parts de l'Etat, afin que la majorité du capital reste publique et soit détenue par les acteurs publics locaux". Une lettre en ce sens a été adressée le 16 février au Premier ministre Manuel Valls.
Selon les élus, une "procédure de gré à gré", sur la base d'une valorisation encore à définir, est "juridiquement possible".
"Nous souhaitons que les collectivités restent majoritaires", a défendu Alain Juppé, soulignant le rôle majeur de l'aéroport en matière de "développement industriel" et sa "forte dimension militaire", avec la présence de 3.000 militaires du Commandement des forces aériennes de la Base aérienne 106. "Ceci justifie une maîtrise publique", a-t-il insisté.
Alain Rousset a souligné le rôle "structurant" de l'aéroport en matière de "développement régional", en particulier dans la perspective de la nouvelle grande Région Aquitaine-Poitou-Charentes-Limousin. Il a également rappelé son rôle-clef dans le développement de la filière aéronautique, civile et militaire, déjà fortement implantée à Mérignac (Dassault, Thalès, Sabena Technics, etc.).