La banque irlandaise Allied Irish Banks, une des trois premières du pays, a été de facto nationalisée jeudi après le feu vert donné à l'Etat pour une recapitalisation immédiate de l'établissement en difficulté à hauteur de 3,7 milliards d'euros.
Cette recapitalisation, nécessaire pour éviter le naufrage de la banque, permettra à l'Etat de posséder 92,8% du capital, a annoncé AIB dans un communiqué.
Allied Irish Banks devient ainsi le quatrième établissement bancaire ou de crédit important à être nationalisé depuis le début de la crise financière ayant conduit le pays au bord de la faillite.
Les déboires des banques irlandaises, qui ont prêté à tout-va au plus fort de la bulle immobilière, ont entraîné une explosion du déficit du pays à 32% du Produit intérieur brut (PIB) cette année.
Les fonds versés à AIB font partie du paquet d'aide de 85 milliards d'euros octroyé fin novembre à l'Irlande en accord avec l'Union européenne et le FMI, dont 35 milliards consacrés au sauvetage du secteur bancaire.
Le ministre des Finances Brian Lenihan avait saisi jeudi matin la Haute Cour de Dublin pour obtenir son approbation au versement des fonds en vertu d'une nouvelle loi sur la "stabilisation des institutions de crédit".
Cette loi, qui lui donne des pouvoirs étendus de manière temporaire, lui a permis d'éviter une consultation des actionnaires.
AIB avait déjà été renflouée l'an dernier à hauteur de 3,5 milliards d'euros grâce à l'argent des contribuables. Après avoir annoncé le mois dernier que les dépôts de ses clients avaient chuté de 13 milliards d'euros depuis début 2010, elle n'a dû son salut qu'à des financements d'urgence débloqués par la Banque centrale européenne (BCE).
En plus des fonds reçus jeudi, il lui faudra encore recevoir 6,1 milliards d'euros d'ici à fin février pour porter à 12% le ratio de ses fonds propres par rapport à ses avoirs, a précisé la banque.
Ce taux, l'un des plus hauts d'Europe, a été exigé par la communauté internationale pour l'ensemble des banques irlandaises renflouées, afin de rassurer les marchés sur leur solvabilité.
La Commission européenne, gardienne de la concurrence en Europe, avait donné mardi son feu vert à de nouvelles aides publiques à plusieurs banques irlandaises, dont AIB.
Dublin a déjà pris le contrôle l'an dernier de plusieurs banques privées ou mutualistes (Anglo Irish Bank, INBS et EBS) et AIB était, avec Bank of Ireland, l'une des dernières grandes banques indépendantes.
Bank of Ireland avait indiqué début décembre qu'elle cherchait des fonds auprès d'investisseurs privés pour sa recapitalisation. Elle se tournera en cas d'échec vers l'Etat, ce qui conduirait également à sa nationalisation.
La troisième grande banque irlandaise, Anglo Irish, est nationalisée depuis début 2009 et devrait être progressivement liquidée après le transfert de ses actifs les plus sains dans d'autres structures. Elle aura reçu à elle seule plus de 30 milliards d'euros d'aide publique.