par Leika Kihara et Tetsushi Kajimoto
TOKYO (Reuters) - Le Japon est retourné en récession au troisième trimestre en raison notamment de la réticence des entreprises à investir, ce qui pourrait contraindre les autorités à de nouvelles mesures de stimulation pour relancer une économie toujours fragile.
La plupart des analystes s'attendent à une croissance modeste pour le trimestre en cours, les entreprises hésitant toujours à puiser dans des bénéfices record pour augmenter les salaires.
Le produit intérieur brut (PIB) s'est contracté de 0,8% en rythme annualisé au troisième trimestre, montrent les données préliminaires publiées lundi par le gouvernement.
Le pays est donc à nouveau en récession puisque le PIB de l'archipel s'était déjà contracté au deuxième trimestre, de 0,7% en rythme annualisé, selon un chiffre révisé.
Le recul du PIB japonais au troisième trimestre est plus marqué que prévu. La prévision médiane des économistes interrogés par Reuters était de -0,2%, toujours en rythme annualisé.
D'un trimestre sur l'autre, la contraction du PIB japonais sur la période de juillet à septembre est de 0,2%, après -0,3% le trimestre précédent.
Ces chiffres sont un revers pour le Premier ministre Shinzo Abe et montrent les limites de son programme pour relancer la troisième économie, baptisé "Abenomics".
"PAS SI MAUVAIS"
"Il y a certains points faibles mais la tendance à une reprise modérée de l'économie japonaise se poursuit avec des chiffres d'affaires record pour les entreprises et une amélioration sur le front de l'emploi et des revenus", a déclaré le ministre de l'Economie, Akira Amari, dans un communiqué publié après les chiffres du PIB.
"Bien qu'il y ait des risques concernant notamment l'évolution de la conjoncture extérieure, nous nous attendons à voir l'économie se diriger vers une reprise modérée grâce aux mesures (de stimulation) que nous avons prises", a-t-il ajouté.
La consommation des ménages, qui contribue pour environ 60% au PIB, a augmenté de 0,5% d'un trimestre sur l'autre, soit un peu plus que la prévision médiane (+0,4%).
Les dépenses d'investissement ont en revanche reculé de 1,3%, soit davantage que la prévision médiane (-0,4%).
"Une important baisse des stocks est le principal facteur qui explique la contraction au troisième trimestre", a commenté Takeshi Minami, économique à l'institut de recherche Norinchukin. "La faiblesse des investissements est également un souci mais si l'on exclut ces facteurs, les chiffres du PIB ne sont pas si mauvais".
Le retour en récession était attendu par les responsables de la Banque du Japon, qui prédisent une croissance du PIB sur les trimestres à venir en se basant sur des chiffres montrant un frémissement de la consommation des ménages et de la production industrielle.
La banque centrale japonaise tient cette semaine une réunion de politique monétaire de laquelle les analystes n'attendent pas de nouvelles mesures d'assouplissement.
(Patrick Vignal pour le service français)