par Girish Gupta et Alexandra Ulmer
CARACAS (Reuters) - L'opposition vénézuélienne a remporté dimanche la majorité absolue en sièges au parlement, que contrôlaient les socialistes depuis 1999, au vu des résultats encore partiels disponibles lundi en tout début de journée.
L'Union démocratique (opposition) s'assure d'ores et déjà le contrôle de 99 sièges et les socialistes de seulement 46, sur un total de 167 à l'Assemblée nationale, a fait savoir la commission électorale, alors que le dépouillement n'est pas terminé et qu'il reste un certain nombre de sièges à pourvoir.
Il s'agit là d'un nouveau basculement à droite sur l'échiquier politique sud-américain après la victoire du libéral Mauricio Macri, le 22 novembre, à la présidence argentine.
A l'annonce des résultats peu après minuit, des feux d'artifice ont embrasé le ciel des quartiers acquis à l'opposition dans la capitale, Caracas. Dans le camp "chaviste", en revanche, les célébrations prévues en cas de victoire ont été annulées.
Le président Nicolas Maduro a rapidement reconnu la défaite de son camp, pire revers pour le mouvement chaviste depuis que son fondateur, le défunt Hugo Chavez, était parvenu au pouvoir en 1999.
"Nous sommes ici (...) pour reconnaître ces résultats négatifs", a-t-il déclaré dans une allocution télévisée à la nation, mettant ce revers sur le compte de la "guerre économique" menée contre lui.
Dans le camp de l'opposition, les dirigeants, qui avaient été battus scrutin après scrutin depuis la première victoire électorale de Hugo Chavez il y a 17 ans, avaient le sourire, même s'ils doivent leur victoire avant tout à la dure récession économique que traverse le pays.
MAJORITÉ DES DEUX TIERS?
La coalition Union démocratique a tiré parti du mécontentement ambiant chez les 29 millions de Vénézuéliens face à un taux d'inflation qui est le plus élevé au monde et des pénuries que bon nombre d'entre eux imputent à la politique de Nicolas Maduro.
"Ce sont les résultats que nous espérions. Le Venezuela a gagné. C'est irréversible!", a déclaré sur Twitter Henrique Capriles, ancien candidat à la présidentielle, qui est l'une des figures de proue de l'opposition.
Selon plusieurs sources proches de l'opposition, une fois que le dépouillement sera achevé, les opposants devraient contrôler dans les 113 sièges. Cela leur donnerait la majorité des deux tiers, essentielle pour pouvoir réformer les institutions comme l'appareil judiciaire ou la commission électorale.
Un tel résultat pourrait conduire les vainqueurs à demander à Nicolas Maduro, dont le mandat court jusqu'en 2019, de convoquer une nouvelle élection présidentielle en 2016. Pour cela, ils doivent réunir près de quatre millions de signatures, seuil nécessaire pour obtenir la tenue d'un référendum.
Avec une majorité simple, l'opposition pourrait adopter une loi d'amnistie pour obtenir la libération de Leopoldo Lopez, arrêté pendant les manifestations antigouvernementales de 2014.
Elle pourrait également ouvrir des enquêtes parlementaires sur des organismes d'Etat ou réclamer la publication d'indicateurs économiques tenus secrets depuis que l'économie nationale traverse de grosses difficultés.
(Jean-Stéphane Brosse, Jean-Philippe Lefief et Eric Faye pour le service français)