par Matthieu Protard
PARIS (Reuters) - La menace d'un retour des fonds activistes en France couvait depuis plusieurs mois. La charge de l'investisseur américain Carson Block sur Casino montre que cette menace est désormais bien réelle.
Ce spécialiste de la vente à découvert ("short selling") et fondateur de la société de recherche financière Muddy Waters est connu pour avoir dénoncé des pratiques comptables dans certaines entreprises chinoises, comme le groupe Superb Summit International en tout début d'année.
Dans une note d'analyse, il a invité à "shorter" l'action Casino, se montrant très critique vis-à-vis de la comptabilité du distributeur français. Ses commentaires ont fait chuter jeudi les actions de Casino et de sa maison mère Rallye à la Bourse de Paris.
"En France, les entreprises ont longtemps pensé être à l'abri des activistes", souligne un banquier d'affaires parisien.
"Peu d'entre elles ont entrepris des démarches pour se protéger et mettre en place des remparts contre l'activisme de fonds d'investissement."
En avril, Vivendi (PA:VIV) a déjà fait les frais du fonds activiste américain P. Schoenfeld Asset Management (PSAM) qui réclamait du groupe de médias une augmentation de son dividende. Sous la pression du fonds spéculatif, Vivendi a fini par céder.
Pour les observateurs du capitalisme français, le fait que des activistes s'en prennent à un groupe dont le président du conseil de surveillance est Vincent Bolloré, réputé être lui-même un actionnaire activiste, montre que les tabous commencent à tomber en France.
En 2014 déjà, après plusieurs mois d'affrontements, le fonds britannique Amber Capital a fini par obtenir gain de cause chez Nexans en obtenant un changement de gouvernance du fabricant de câbles avec la séparation des fonctions de directeur général et de président du conseil d'administration.
Les changements de management ou de stratégie et l'optimisation des bilans sont les terrains de chasse préférés des activistes.
Ces derniers sont aussi à la manoeuvre dans d'autres pays européens, en particulier en Allemagne et en Grande-Bretagne.
Outre-Rhin, le fonds activiste Elliott tente de bloquer le projet de rachat de l'américain Atmel par le fabricant allemand de semi-conducteurs Dialog Semiconductor.
En Grande-Bretagne, ValueAct, qui a porté sa participation dans Rolls-Royce à plus de 10%, réclame un siège au conseil d'administration du groupe britannique. Et on lui prête la volonté d'amener Rolls-Royce à se concentrer sur ses activités dans la motorisation aéronautique.
(Edité par Dominique Rodriguez) OLFRBUS Reuters France Online Report Business News 20151217T190019+0000