Une enquête allemande a épinglé 16 marques automobiles, dont Renault (PA:RENA), qui enfreignent les plafonds européens d'émissions et des rappels se préparent, nouvelles conséquences du scandale Volkswagen (DE:VOWG_p), qui a laissé des traces douloureuses dans les comptes du constructeur.
Ce dernier a inscrit sa première perte nette annuelle depuis 1993, à hauteur de 1,6 milliard d'euros, selon des chiffres dévoilés vendredi. En cause, 16,2 milliards d'euros de provisions dans ses comptes pour faire face aux suites du "dieselgate": remise aux normes des 11 millions de voitures concernées, indemnisation des clients aux Etats-Unis, frais juridiques...
Volkswagen a équipé ses moteurs diesel d'un logiciel truqueur pour faire passer les voitures, au moment des tests de contrôle, pour moins polluantes qu'elles ne le sont en réalité.
Sept mois après les premières révélations, aux Etats-Unis en septembre, l'affaire n'en finit pas de faire des vagues, et pas seulement chez Volkswagen où le patron Matthias Müller a évoqué vendredi "un poids financier très important" et où les dirigeants vont voir 30% de leurs bonus gelés.
Le ministre allemand des Transports, Alexander Dobrindt, a dévoilé vendredi les résultats d'une enquête menée en Allemagne sur tous les modèles diesel. Seize marques ont été épinglées comme présentant des "irrégularités" dans leurs niveaux d'émission, dont cinq allemandes, mais aussi Renault, Fiat, Nissan (T:7201) ou encore Suzuki.
Aucune des irrégularités constatées ne relève de la même tricherie que celle de Volkswagen, a souligné le ministre.
- 630.000 rappels -
Mais Audi, Porsche, Opel, Mercedes (groupe Daimler (DE:DAIGn)) et Volkswagen (véhicules utilitaires) vont devoir rappeler 630.000 véhicules en Europe, à la demande des autorités allemandes. La décision sur d'éventuels rappels de marques étrangères devra être prise dans les pays où les modèles concernés ont déposé leur demande d'autorisation pour l'Union européenne.
Sur les véhicules incriminés, le système de filtration des émissions polluantes est systématiquement désactivé quand la température extérieure descend sous un certain seuil. Or, en vertu des normes européennes en vigueur, cette procédure n'est autorisée que si elle permet d'éviter un accident ou un dommage causé au moteur.
Le gouvernement allemand exige donc des constructeurs qu'ils revoient ce mécanisme. Daimler a d'ores et déjà promis de coopérer et jugé les conclusions de l'enquête "dans l'ensemble cohérentes".
En braquant les projecteurs sur le sujet des émissions automobiles, le scandale Volkswagen a aussi permis de dévoiler au grand public ce que tous les experts savaient de longue date: "On se rend compte que tous les véhicules émettent plus en conditions réelles que pendant les homologations", déclare à l'AFP Pierre Chasseray, délégué général de l'association "40 millions d'automobilistes", et membre de la commission chargée d'enquêter en France.
Car comme l'Allemagne, la France a mis sur pied sa propre enquête, et de nombreux autres pays aussi.
- Chutes en Bourse -
Au Royaume-Uni, le gouvernement a annoncé cette semaine n'avoir pas mis au jour non plus d'autres tricheries semblables à Volkswagen. Mais dans nombre de cas, les émissions d'oxyde d'azote (NOx), le gaz polluant en cause dans l'affaire Volkswagen, "sont plus élevées en conditions réelles et sur les routes tests qu'en laboratoire", précise Londres.
Berlin veut que s'engage une réflexion européenne sur les règles "afin de pouvoir mieux faire la différence entre les mécanismes autorisés et ceux qui ne le sont pas".
Tous les constructeurs avaient assuré mordicus jusqu'ici qu'ils se pliaient à la loi.
Cela a changé il y a quelques jours avec l'aveu par le Japonais Mitsubishi d'un embellissement intentionnel des performances énergétiques de plusieurs modèles de véhicules vendus au Japon. L'action Mitsubishi a perdu en réaction plus de 40% en trois jours.
En Europe aussi, les titres automobiles étaient attaqués vendredi, surtout Daimler (-5,94% à 15H10 GMT).
Le fabricant des Mercedes-Benz a aussi annoncé jeudi avoir ouvert une enquête interne, à la demande des autorités américaines, sur la manière dont sont certifiées les émissions polluantes de ses voitures aux Etats-Unis.
Et en France, PSA (PA:PEUP) (Peugeot-Citroën) a fait l'objet jeudi de perquisitions par les services français de la répression des fraudes, qui enquêtent sur des "anomalies" sur les niveaux d'émissions.