CALAIS (Reuters) - Les organisateurs de l’opération de blocage de l’autoroute A16 pour dénoncer les conséquences de la présence du camp de migrants de Calais sur l'économie locale ont appelé les transporteurs routiers à lever les barrages lundi, vers 20h00, après une journée d’action.
"Nous avons eu confirmation du démantèlement rapide de la 'jungle' (...) et prenons la décision d’interrompre le mouvement", a déclaré David Sagnard, président départemental de la Fédération nationale des transporteurs routiers (FNTR).
Il s'exprimait devant des manifestants stationnés sur l’autoroute à l'issue d'une réunion avec la préfète du Pas-de-Calais. Selon David Sagnard, la représentante de l'Etat a promis la tenue d’une réunion hebdomadaire avec les transporteurs routiers, les agriculteurs et les syndicats de police pour discuter de l'aide aux acteurs économiques.
La FDSEA (Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles) avait également demandé auparavant aux agriculteurs mobilisés pour la journée d’action de cesser le mouvement après avoir obtenu des garanties d’indemnisation.
L’A16 a été coupée toute la journée à hauteur de Calais à l'initiative d'un collectif protestant contre l'impact sur l'activité économique du Calaisis de la présence de milliers de migrants en quête d'un passage vers le Royaume-Uni.
Deux convois d’une soixantaine de camions et tracteurs partis en opération escargot de Dunkerque et Boulogne-sur-mer se sont rejoints en fin de matinée à hauteur de Calais. Parallèlement, environ 400 personnes ont manifesté à l’appel du Grand Rassemblement pour le Calaisis avant de gagner la rocade portuaire puis l’autoroute.
DE PIRE EN PIRE
"On est obligé de faire cela, on est obligé de monter le ton. Depuis des mois la situation devient de pire en pire", a déclaré David Sagnard.
"Avant, c’était simplement des tentatives pour monter dans les camions, maintenant il y a des saccages, de la casse, les bâches sont lacérées, les marchandises pillées ou détruites, ce n’est plus acceptable" .
"Les chauffeurs vont travailler la peur au ventre et les conséquences économiques sont graves. Entre les investissements pour la sécurité, le temps passé à vérifier, les dégâts et sinistre, c’est une perte d’exploitation de 250.000 euros annuels", a-t-il indiqué.
Venu sur place vendredi dernier, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, s'est engagé à démanteler totalement le camp de migrants, sans fixer de calendrier. Il a annoncé en outre un "dispositif national de soutien et de solidarité" à destination des entreprises en difficulté dans le Calaisis.
Le collectif, qui réunit commerçants, chefs d'entreprise, transporteurs et agriculteurs, a été reçu par le ministre mais décidé de maintenir son action, affirmant ne plus pouvoir attendre.
"Si la jungle est démantelée dans trois mois il se passe quoi pendant ces trois mois ?" avait ainsi demandé ainsi David Sagnard. "Nous devons maintenir la pression, il faut que les autorités comprennent", a rajouté Frédéric Van Gansbeke, porte-parole du collectif.
D’après la préfecture du Pas-de-Calais, 6.900 migrants sont présents dans la partie nord de la "jungle. Les associations humanitaires estiment qu'ils sont plus 9.000.
(Pierre Savary, avec Matthias Blamont, édité par Yann Le Guernigou)