par Jean-Baptiste Vey, Gabriela Baczynska et Jan Strupczewski
BRUXELLES (Reuters) - Le chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne tenteront de s'accorder le 30 juin sur le nom du prochain président de la Commission européenne après avoir échoué à le faire lors d'un Conseil jeudi et vendredi à Bruxelles.
Emmanuel Macron, qui tente depuis des semaines de faire échec à la candidature de Manfred Weber, a déclaré que le conservateur allemand, le socialiste Frans Timmermans et la libérale Margrethe Vestager, candidats de leurs familles politiques respectives, étaient éliminés de la course.
Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a testé ces trois noms auprès des dirigeants européens jeudi soir et aucun n'a recueilli de majorité.
"La conclusion légitime est qu'il a demandé que d'autres noms soient proposés. La réponse est oui", a dit le président français, interrogé sur le caractère définitif du rejet de ces trois personnalités, lors d'une conférence de presse vendredi.
La chancelière allemande, Angela Merkel, important soutien de Manfred Weber, candidat du Parti populaire européen (PPE), la première force au Parlement de Strasbourg, a insisté sur la nécessité de choisir le prochain président de la Commission en bonne intelligence avec le Parlement.
"Nous proposons une personne mais nous ne voulons absolument pas voir une crise avec le Parlement et constater que notre proposition n'est pas acceptée", a-t-elle déclaré.
La candidature de Manfred Weber a été affaiblie quand les députés socialistes et libéraux ont signalé jeudi qu'ils ne le soutiendraient pas, le privant de la majorité requise pour être élu.
Le Premier ministre espagnol, le socialiste Pedro Sanchez, a déclaré qu'il était prêt à accepter un président de la Commission issu du PPE si le poste échappait à Frans Timmermans.
MACRON PLAISANTE SUR WEIDMANN
Plusieurs noms circulent pour éventuellement succéder à Jean-Claude Juncker, notamment le Français Michel Barnier, le Belge Charles Michel, la Bulgare Kristalina Georgieva et la Lituanienne Dalia Grybauskaite.
Outre le prochain président de la Commission, poste jugé le plus important, les dirigeants espèrent s'accorder le 30 juin sur les noms des prochains président du Conseil, Haut représentant pour les affaires étrangères et - mais cela semble moins urgent - président de la Banque centrale européenne (BCE).
Le choix du président du Parlement relève des seuls députés mais participe d'un même équilibre politique et géographique.
Prié de dire si le gouverneur de la Bundesbank, Jens Weidmann, qui a beaucoup critiqué l'action du président de la BCE, Mario Draghi, pour sortir la zone euro de la crise serait un bon successeur de ce dernier, Emmanuel Macron a ironisé.
"Je suis très heureux, mais très heureux, que les membres qui se sont alors fortement opposés, qui ont fait des recours juridiques contre les décisions de Mario Draghi, contre l'OMT, tous les mécanismes mis en place, se convertissent, peut-être sur le tard, mais se convertissent avec vigueur à cela", a-t-il dit.
"Ça veut dire qu'on a tous du bon en nous et qu'on peut tous s'améliorer et donc j'en tire d'abord et avant tout une leçon d'optimisme pour la nature humaine."
Les chefs d'Etat et de gouvernement allemand, français, espagnol, italien et néerlandais veulent préparer un accord sur ces cinq nominations à l'occasion de leur déplacement au Japon les 28 et 29 juin au sommet du G20.
L'actuel président de la Commission, Jean-Claude Juncker, a apporté une touche de légèreté à l'issue du long dîner des chefs d'Etat et de gouvernement très tôt vendredi. "J'ai noté avec beaucoup d'amusement qu'il est très difficile de me remplacer", a-t-il plaisanté devant les journalistes.
(Avec reporters de Reuters à Bruxelles, édité par Yves Clarisse)