PARIS (Reuters) - Le médecin responsable de l'alimentation et de l'hydratation de Vincent Lambert, tétraplégique en état végétatif depuis dix ans, a averti sa famille mardi matin qu'il allait arrêter ces traitements, conformément à la décision de la Cour de cassation, a-t-on appris de sources proches du patient.
"La procédure d'arrêt des traitements sera poursuivie ce jour", a écrit le Dr Vincent Sanchez à la famille de Vincent Lambert dans un mail, a précisé à Reuters une de ces sources.
"Sauf coup de force, on peut raisonnablement penser que la procédure ira à son terme", a renchéri une autre source.
Ce processus doit conduire au décès de l'ancien infirmier psychiatrique dans le cadre prévu par la loi sur la fin de vie, dite loi Leonetti, lorsque la poursuite des traitements est considérée comme relevant d’une "obstination déraisonnable".
Ses parents contestent cette analyse. Ils avaient obtenu de la cour d’appel de Paris qu’elle enjoigne à l’Etat et à l’hôpital de Reims (Marne), où il est hospitalisé, de surseoir à l’arrêt des soins dans l’attente d’un avis du Comité international des droits des personnes handicapées de l'Onu.
Mais la Cour de cassation a annulé vendredi cet arrêt du 31 mai ordonnant la reprise des traitements.
Le sort de Vincent Lambert, qui souffre de lésions cérébrales irréversibles, divise depuis des années sa famille.
D’un côté, ses parents, proches des milieux catholiques traditionalistes, un demi-frère et une de ses sœurs, estiment que c'est un handicapé, en état pauci-relationnel et que l’arrêt des soins constitue une euthanasie déguisée.
De l’autre, son épouse et tutrice légale, cinq de ses frères et soeurs, ainsi qu’un neveu, demandent qu’on le laisse mourir, conformément à ce qu’étaient, selon eux, ses valeurs.
La mère de Vincent Lambert, Viviane, a demandé lundi au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, à Genève, d'intervenir.
"Sans votre intervention, mon fils, Vincent Lambert, sera euthanasié par un médecin en raison de son handicap cérébral", a-t-elle déclaré. "Il est en état de conscience minimale mais il n'est pas un légume."
L'un des avocats des parents de Vincent Lambert, Me Jérôme Triomphe, a pour sa part annoncé qu'une plainte pour "meurtre avec préméditation sur personne vulnérable" serait déposée contre le médecin qui ordonnerait l'arrêt des soins.
Mais pour Me Patrice Spinosi, avocat de Rachel, l'épouse de Vincent Lambert, la décision de la Cour de cassation est "le point final à cette affaire judiciaire".
Intervenant dans le débat, le Premier ministre, Edouard Philippe, a estimé vendredi soir, lors d'une intervention en direct sur Facebook (NASDAQ:FB), qu'il fallait "respecter ce que disent les médecins et ce que dit la loi" dans une situation "qui est sans issue sur le plan des soins".
(Emmanuel Jarry, avec Simon Carraud et Stéphanie Ulmer-Nebehay à Genève, édité par Yves Clarisse)