Lourdes, Bethléem, Fatima, Czestochowa (Pologne), le Mont-Saint-Michel ou encore Lisieux: plusieurs sites de culte catholiques travaillent ensemble pour continuer d'attirer les pèlerins et proposer des circuits internationaux de tourisme spirituel.
Tournés seulement vers les pays voisins pendant des années, c'est désormais vers le Canada, le Brésil, les États-Unis ou encore l'Asie avec les Philippines, l'Indonésie et encore l'Inde que les sanctuaires portent leurs efforts.
Pour plusieurs spécialistes ayant participé début octobre à Lourdes (Hautes-Pyrénées) au premier salon professionnel du tourisme spirituel organisé en France, le tourisme cultuel constitue un marché comme un autre, avec des parts de marché à conquérir.
"Notre ambition est de convaincre les voyagistes de rester un ou deux jours de plus dans notre ville", indique la maire de Lourdes, Josette Bourdeu, consciente que l'avenir passe par une présence "dans des circuits".
Le tourisme religieux génère localement d'importantes retombées financières, notamment dans les commerces, hôtels et les restaurants.
C'est donc à l'initiative de Lourdes, un des premiers lieux de pèlerinage catholique dans le monde mais qui a enregistré en cinq ans "une baisse importante, dont 40 % de ses pèlerins italiens", selon la maire, que 69 tour-opérateurs de 24 pays sont venus se faire séduire.
Au programme, pendant trois jours: processions au flambeaux, visite du sanctuaire, mais aussi tourisme aux alentours.
France, Pologne, Israël... de plus en plus, les "pèlerinages se font lors de voyages dans plusieurs pays ou différents lieux", confirme Christian Mantei, directeur général de l'agence de développement touristique Atout France.
"Nous sommes complémentaires. Nous sommes dans un monde global. Un Américain, s'il vient en Europe, il ne va pas seulement vouloir voir Lourdes, il veut voir le plus de choses possibles", relève à l'AFP le maire de Fatima Paulo Fonseca, pour qui "seule une très forte coopération" permet d'avoir de "nouvelles offres".
- "Plus de confort" -
Bethléem, ville de la naissance de Jésus et située en territoire palestinien, prône aussi la mutualisation même si ses représentants rappellent que "tout a commencé chez (eux)" et qu'on peut "marcher sur les pas du Christ: Bethléem, lac de Tibériade, Jérusalem".
"Les villes spirituelles doivent regrouper leurs efforts pour se faire connaître", estime M. Rizek M. Petro, manager général de l'agence de voyage d'Atic à Jérusalem et représentant de Bethléem.
Autre nécessité aux yeux de ce responsable: "le besoin de se renouveler". "Le pèlerin d'aujourd'hui n'est plus celui d'il y a 50 ans. Il en veut pour son argent, réclame du confort", affirme-t-il
Pour développer le tourisme religieux, M. Rizek M. Petro souhaite augmenter la collaboration entre la cité mariale et Bethléem. Les deux villes sont jumelées. "Ils ont vu comment nous accueillons nos pèlerins et nous avons vu comment eux le faisaient", souligne la maire de Lourdes.
Il "faut nécessairement passer par Tel Aviv" pour se rendre à Bethléem, mais M. Rizek M. Petro balaie les problèmes de frontières.
"Les ministères du tourisme israélien et palestinien ne travaillent pas ensemble mais il y a des accords, notamment pour passer la frontière. Des guides ont des permis spéciaux tant côté palestinien qu’Israélien, souligne-t-il.
Dans une moindre mesure, cette mutualisation se met aussi en place en France. Dix villes sont regroupées au sein de l'association des villes sanctuaires. Avec le Mont-Saint-Michel, Lisieux, Lourdes, Rocamadour comme destinations phares, l'ambition est d'avoir plus de poids face au tour-opérators.
A l'échelle régionale, le but est identique en Normandie avec Alençon, Lisieux, Montligeon, Sées et le Mont-Saint-Michel: "Normandie spirituelle" (nom provisoire) est en voie de création.
"On se dit que pour faire rester les gens, il faut leur donner un vrai programme", explique Pierre Bouton, directeur de l'Office de tourisme d'Alençon.