AMMAN (Reuters) - L'armée syrienne a annoncé jeudi l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu unilatéral pour permettre aux civils et aux rebelles de quitter les quartiers assiégés de l'est d'Alep.
Les forces gouvernementales avaient auparavant ouvert des corridors dans le quartier de Boustane al Qasr et le secteur de la route du Castello, situé dans le nord de la ville, où des autocars verts ont pris position, comme le montre la télévision publique.
"Nous garantissons une évacuation sûre. Sauvez vos familles !", clamaient des hauts parleurs disposés par l'armée aux abord de l'un de ces corridors, alors que la chaîne libanaise prosyrienne Maïadine diffusait des images du site.
Selon la chaîne de télévision gouvernementale Al Ikhbariyah, les rebelles ont répondu par des tirs de mortiers en direction de zones où se dirigeaient des ambulances chargées de participer à l'évacuation.
Les 250.000 civils encore présents dans la partie assiégée ne semblent pour l'heure pas disposés à emprunter les corridors. Selon l'armée syrienne, les rebelles les en empêchent parce qu'ils leur servent de bouclier humain.
PIÈGE
Selon des insurgés et des habitants de la ville, les corridors sont un piège tendu par Damas et Moscou qui souhaitent ainsi pour vider Alep et contraindre les rebelles à la reddition.
"Ils parlent de corridors humanitaires, mais pourquoi n'autorisent-ils pas l'acheminement de nourriture dans Alep-Est pour alléger nos souffrances ? Nous n'avons besoin que d'une chose, c'est que les bombardiers russes cessent de tuer nos enfants", a déclaré Amar al Karan qui habite le quartier de Sakhour.
Les Nations unies ont elles aussi fait part de leur scepticisme à l'égard de ce cessez-le-feu unilatéral, estimant qu'il n'aurait d'intérêt que s'il était associé à l'envoi d'aide humanitaire à destination de ceux qui veulent rester à Alep.
La Russie et la Syrie ont cessé leurs bombardements aériens d'Alep mardi, avant la "pause humanitaire" de ce jeudi qui doit s'achever à 19h00. Les rebelles, selon lesquels Damas et Moscou cherchent à obtenir le départ des civils pour pouvoir donner l'assaut, disent quant à eux s'apprêter à lancer une vaste contre-offensive pour briser le siège.
Moscou dit envisager de prolonger cette pause à condition que les autres composantes de l'insurrection se démarquent du Front Fateh al Cham, ex-Front al Nosra, branche locale d'Al Qaïda, qui dit avoir rompu avec le mouvement djihadiste.
Des délégations russe et américaine ont entamé mercredi à Genève des discussions sur les moyens à mettre en oeuvre pour distinguer les membres du Front des autres insurgés syriens présents à Alep-Est, ce qui pourrait donc ouvrir la voie à un nouveau cessez-le-feu.
(Suleiman Al-Khalidi, Jean-Philippe Lefief et Nicolas Delame pour le service français)