PARIS/LONDRES (Reuters) - Les Bourses européennes, à l'exception de Francfort, ont fini en repli vendredi, affaiblies par des prises de bénéfices sur les secteurs ayant le plus bénéficié des espoirs éveillés par l'élection du républicain Donald Trump à la présidence des Etats-Unis.
Après une première réaction enthousiaste, les investisseurs s'interrogent sur les véritables intentions du président élu dont le programme reste flou et sur le réalisme de ses projets ambitieux en vue de relancer la croissance.
À Paris, l'indice CAC 40 a terminé en baisse de 0,92%, soit 41,68 points, à 4.489,27 points. Le Footsie britannique a cédé 1,43% mais le Dax allemand, soutenu par Allianz (DE:ALVG), a pris 0,36%. L'indice EuroStoxx 50 a perdu 0,54%, le FTSEurofirst 300 0,68% et le Stoxx 600 0,41%.
Sur la semaine, le CAC 40 a gagné 2,55% et l'EuroStoxx 50 2,40%.
Le retour de bâton qui a suivi l'euphorie initiale post-électorale touche aussi Wall Street, quoique dans une moindre mesure. Les grands indices boursiers américains perdent 0,3% à 0,6% au moment de la clôture en Europe.
En Europe, l'indice de la construction a reculé de 1,84%, parmi les plus fortes baisses sectorielles avec les valeurs de l'énergie (-2,16%) et les ressources de base (-2,00%). L'indice de la construction avait pris 3,37% mercredi et jeudi pour atteindre un pic de neuf ans, porté par les projets de grands travaux de Trump.
Dans ce secteur, LafargeHolcim (PA:LHN) a perdu 3,12%, plus forte baisse du CAC 40, et le groupe espagnol ACS a reculé de 3,68%.
Les financières, qui ont eu le vent en poupe ces deux derniers jours dans l'espoir que Trump réussisse à relancer l'inflation, avec pour corollaire une remontée des taux favorable aux marges bénéficiaires des banques, ont également fait l'objet de prises de profits de la part de certains investisseurs.
En revanche, l'automobile (+1,92%) et les valeurs recherchées pour les dividendes comme les services collectifs (+0,54%), qui ont souffert de l'envolée des rendements obligataires, reprennent un peu du terrain perdu.
Aux valeurs, Allianz, qui a laissé entendre vendredi qu'il pourrait restituer des liquidités aux actionnaires après avoir fait état d'un bénéfice trimestriel supérieur aux prévisions et d'une première collecte nette depuis plus de trois ans pour son gérant de fonds américain Pimco, termine sur un gain de 1,38%.
Les rendements des obligations souveraines de la zone euro poursuivent leur envolée, les investisseurs pariant que le protectionnisme et les dépenses d'infrastructure de Trump relanceront l'inflation.
Sur la semaine, le Bund allemand à 10 ans a vu son rendement augmenter de 18 points de base (pdb), plus forte hausse depuis décembre 2015.
Les rendements des dettes souveraines italienne et française ont gagné encore plus dans la crainte que le référendum du 4 décembre en Italie et l'élection présidentielle de 2017 en France ne réservent le même type de surprise qu'au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Les rendements de ces deux dettes souveraines étaient bien partis pour enregistrer leur plus forte hausse hebdomadaire depuis juin 2015.
L'attente de la revue de la note de l'Italie par Standard & Poor's a accru encore les tensions. L'agence de notation a finalement confirmé sa note BBB-, assortie d'une perspective stable.
Sur le marché des changes, le dollar retombe un peu face à l'euro et au yen mais affiche un gain de plus de 3% sur la semaine contre ce dernier, tout en poursuivant sa hausse contre le yuan chinois et le peso mexicain. Face à un panier de devises de références, le billet vert s'apprête à afficher sa plus forte hausse hebdomadaire de l'année.
La livre sterling s'adjuge 0,22% face au dollar, ayant brièvement franchi la barre de 1,26, un seuil technique clé, profitant de rachats de positions à découvert accumulées depuis le vote en faveur du Brexit.
Les cours du pétrole accentuent leurs pertes, en baisse d'environ 3%, dans un marché repris par l'inquiétude face à l'excédent d'offre dans le monde.
Selon le rapport mensuel de l'Opep, la production du cartel a augmenté au mois d'octobre, pour atteindre un volume record, ce qui laisse présager un excédent du marché pétrolier encore plus élevé l'an prochain.
L'excédent de 2017 induit par le dernier rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) paru jeudi est, lui, plus proche de 500.000 bpj.
(Juliette Rouillon pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)