STRASBOURG (Reuters) - Le nombre de chrétiens tués dans le monde en raison de leur croyance a très fortement baissé en 2016 mais les persécutions qui les visent restent globalement en hausse, affirme l’Organisation non gouvernementale (ONG) Portes ouvertes dans son rapport annuel publié mercredi.
Le nombre de meurtres, qui avait quasiment doublé l’an dernier pour atteindre 5.747 cas dans les cinquante pays recensés par l’Index mondial de la persécution, établi par cette association d’obédience évangélique, est en baisse de 83,5% avec 948 morts.
"C’est nettement mieux qu’en 2015 mais c’est très conjoncturel. On le doit en partie à l’Irak, où les chrétiens ont maintenant fui les régions contrôlées par Daech (acronyme de l’Etat islamique), et au Nigeria ou Boko Haram (mouvement islamiste armé) est sur la défensive", a indiqué Michel Varton, directeur de Portes ouvertes France, lors d’une conférence de presse à Strasbourg.
Avec 695 meurtres de chrétiens recensés (contre plus de 4.000 en 2015), le Nigéria reste néanmoins largement le pays le plus violent.
Les nombre d’églises victimes d’actes violents, de destruction ou de fermeture baisse également de près de moitié, passant de 2.242 à 1.188.
Si les violences baissent, l’ONG, dont le classement est établi depuis 25 ans grâce à un système de points affectés à chaque cas recensé, constate en revanche une hausse des formes d’oppression – empêchement de vivre sa foi dans la sphère publique ou privée – qui fait monter le baromètre de 1,70%.
"Le facteur le plus marquant de 2016 est sans doute la détérioration de la liberté pour les chrétiens dans de nombreux pays en Asie et Asie du sud-est", souligne Michel Varton dans son avant-propos à l’index.
Si la Somalie, l’Afghanistan, le Pakistan, le Soudan ou la Syrie et l’Irak en guerre restent dans le peloton de tête des pays de "persécution extrême ", derrière la Corée du nord, en tête depuis seize ans, l’Inde, le Bangladesh, l’Ouzbékistan ou le Vietnam voient la situation des chrétiens se dégrader.
A l’exception du Mexique et de la Colombie, les 50 pays de l’index sont situés sur le continent africain ou asiatique.
Sur les 650 millions de chrétiens qui y vivent, quelque 215 millions, soit 33% "sont considérés comme souffrant d’un niveau de persécution élevé", estime l’ONG.
Pour la première fois, la France est citée, hors classement, pour avoir connu, dans les douze mois pris en compte par le rapport, le meurtre de deux chrétiens en tant que tels : le père Jacques Hamel égorgé le 26 juillet 2016 dans l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray et un migrant iranien tué le 14 décembre 2015 dans le camp de Grande-Synthe (Nord) parce qu’il se serait converti.
(Gilbert Reilhac, édité par Yves Clarisse)