PARIS (Reuters) - François Fillon a déclaré jeudi soir sur TF1 (PA:TFFP) que les "calomnies" visant son épouse le renforçaient dans sa volonté d'accéder à l'Elysée et a affirmé que Penelope Fillon travaillait à ses côtés "depuis 1981", date de son premier mandat électif.
Le candidat de la droite et du centre, déstabilisé par des allégations du Canard enchaîné sur des emplois présumés fictifs de Penelope Fillon en tant qu'attachée parlementaire et rédactrice à La Revue des deux mondes, a précisé que son seul motif de renoncement serait une mise en examen le visant.
Il a assuré qu'il fournirait à la justice "les justificatifs nécessaires" attestant des missions de son épouse.
"En réalité, ma femme travaille pour moi depuis toujours, depuis 1981, depuis ma première élection (député de la Sarthe-NDLR), elle m'a toujours accompagné dans ma vie publique et d'ailleurs je pense que je n'aurais pas fait le parcours que j'ai fait sans son soutien et sans son aide", a-t-il témoigné.
"Elle l'a fait bénévolement pendant des années : en 1997, j'ai un collaborateur parlementaire qui est parti, je l'ai remplacé par Penelope et elle est restée ma collaboratrice avec une interruption lorsque j'étais à Matignon, jusqu'en 2013, où j'ai choisi de cesser cette collaboration", a-t-il expliqué.
"Son travail est réel", a-t-il insisté en louant sa simplicité et sa disponibilité auprès des habitants de ses fiefs sarthois de Sablé et Solesmes.
Au nombre des missions de Penelope Fillon, diplômée de droit et de lettres, François Fillon a cité la relecture de discours, la réception "d'innombrables personnes qui voulaient me voir et que je ne pouvais pas voir", une fonction de représentation "dans des manifestations, des associations".
"Elle me faisait la synthèse de la presse, remonter les demandes des gens, remonter les évolutions de notre société", a-t-il ajouté. "Ce n'est pas un travail qui est normé, qui répond à des règles précises, qu'on fait forcément dans un bureau."
"J'AI PRIS LES DEVANTS"
L'ancien Premier ministre a défendu la légalité de cette fonction d'attaché parlementaire et la "liberté" donnée au parlementaire de disposer comme il l'entend de "l'enveloppe" mensuelle mise à sa disposition pour ses frais.
"Les parlementaires ont une enveloppe, cette enveloppe elle est fixe et à l'intérieur de cette enveloppe ils font ce qu'ils veulent, ils choisissent les collaborateurs qu'ils souhaitent et ils fixent les missions qu'ils souhaitent. C'est fondamental, parce que c'est la liberté du Parlement", a-t-il dit, ne démentant pas le demi-million d'euros touchés par son épouse.
Le candidat, qui a fait de l'intégrité en politique et de la rigueur budgétaire deux des maîtres-mots de sa campagne, a convenu que la question de mettre un terme à une telle pratique, légale en France, se posait.
"J'ai pris les devants en 2013 (date de l'entrée en vigueur de la loi relative à la transparence de la vie publique-NDLR), parce que j'ai compris qu'au fond l'opinion publique avait évolué sur ces questions-là, qu'il y avait ces soupçons, qu'il y avait une forme d'exigence différente", a-t-il avancé.
Ainsi a-t-il révélé, pour devancer de nouvelles attaques, qu'il avait rémunéré "pour des missions précises deux de (s)es enfants qui étaient avocats en raison de leurs compétences" quant il était sénateur de la Sarthe (septembre 2005-juin 2007).
Interrogé sur des déclarations de son épouse dans la presse, française et anglo-saxonne, où elle expliquait se tenir à distance de la vie politique, François Fillon a répondu : "Elle a voulu dire, et c'est très clair, qu'elle n'a jamais fait de politique (...), qu'elle n'a jamais été engagée".
"C'est une femme discrète qui ne va pas sur les plateaux de télévision", les radios, "qui ne fréquente pas les couloirs de l'Assemblée nationale".
"JE LA DÉFENDRAI, JE L'AIME"
S'agissant des 100.000 euros perçus par son épouse émanant de La Revue des deux mondes, propriété de Marc Ladreit de Lacharrière, un ami de François Fillon, ce dernier a là aussi attesté de la réalité du travail que Le Canard enchaîné met en doute.
"Elle a été sa conseillère (de Marc de Lacharrière-NDLR)pendant un an et demi et c'est à ce titre qu'elle a touché ce salaire. Elle a fait pour lui des travaux qu'il montrera à la justice", a-t-il dit.
"Mon épouse est remarquable, elle est exceptionnelle. Vous n'imaginez pas à quel point elle souffre qu'on puisse penser qu'elle n'a pas respecté les règles", a dit François Fillon avec émotion. "Je la défendrai, je l'aime, je la protégerai et je dis à tous ceux qui voudront s'en prendre à elle qu'ils me trouveront en face".
Pour preuve de sa détermination face à "une avalanche de calomnies et de critiques", "ces méthodes spécifiquement françaises", le candidat a dit se sentir renforcé par cette épreuve. "Ça me renforce dans l'idée qu'il y a quelque chose de pourri dans notre démocratie."
"Il n'y a qu'une seule chose qui m'empêcherait d'être candidat, c'est si mon honneur était atteint, si j'étais mis en examen", a-t-il dit.
(Sophie Louet, édité par Elizabeth Pineau)