par Lucia Mutikani
WASHINGTON (Reuters) - La croissance a brutalement ralenti aux Etats-Unis au quatrième trimestre, affectée par la forte baisse des exportations, notamment de soja, mais la bonne tenue de la consommation et la hausse des investissements des entreprises laissent penser que la première économie mondiale devrait poursuivre son expansion.
Le produit intérieur brut (PIB) a augmenté de 1,9% en rythme annualisé sur les trois derniers mois de l'année, après 3,5% au troisième trimestre, a annoncé vendredi le département du Commerce dans sa première estimation du PIB.
La croissance ressort ainsi à 1,6% seulement pour l'ensemble de l'année 2016, son rythme le plus faible depuis 2011, après 2,6% en 2015. La croissance au premier semestre de l'an dernier a été freinée par la faiblesse des cours du pétrole et un dollar fort, qui ont pesé sur les bénéfices et les investissements des entreprises.
Un mouvement d'ajustement des stocks a également pesé sur la croissance. Mais ces différents facteurs défavorables ont aujourd'hui pratiquement disparu.
Les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne une croissance de 2,2% en rythme annualisé pour octobre-décembre.
Au quatrième trimestre, les exportations ont chuté de 4,3%, leur plus fort recul depuis le premier trimestre 2015. Elles avaient augmenté de 10% au troisième trimestre.
La contribution du commerce extérieur au PIB du quatrième trimestre a ainsi été négative, de 1,70 point de pourcentage, alors que la balance commerciale avait contribué à la croissance à hauteur de 0,85 point de pourcentage au troisième trimestre.
Les emprunts d'Etat américains et les futures de taux d'intérêt ont effacé leurs gains après la publication des statistiques, tout comme les contrats futures de Wall Street, tandis que le dollar cédait du terrain face à l'euro.
RESTOCKAGE, REBOND DE L'INVESTISSEMENT
La bonne santé du marché du travail, pratiquement revenu au plein emploi, a commencé à favoriser l'augmentation des salaires et elle soutient la consommation, ce qui conforte le scénario d'une poursuite de la croissance.
Celle-ci pourrait en outre bénéficier cette année de la politique de la nouvelle administration Trump si les promesses d'augmentation des dépenses d'infrastructures, d'allègements d'impôts et de dérégulation sont tenues.
Les espoirs placés dans le nouveau président ont déjà profité à la confiance des ménages et des entreprises, et permis à Wall Street d'inscrire des records, même si l'incertitude entourant la politique commerciale que mènera la Maison blanche constitue un risque pour l'économie.
Un éventuel rebond de la croissance en 2017 pourrait par ailleurs justifier de nouvelles hausses de taux de la Réserve fédérale, qui en prévoit trois d'ici la fin de l'année.
Sur les trois derniers mois de 2016, la consommation des ménages, dont dépendent plus des deux tiers de l'activité économique aux Etats-Unis, a augmenté de 2,5% en rythme annualisé, après +3% au troisième trimestre.
Le revenu disponible des ménages a quant à lui progressé de 3,7% après +4,1%.
La bonne tenue de la demande intérieure a incité les entreprises à restocker: le rythme d'accumulation des stocks a atteint 48,7 milliards de dollars sur le trimestre, après 7,1 milliards seulement au trimestre précédent. Les stocks ont ainsi contribué au PIB à hauteur d'un point de pourcentage.
L'investissement des entreprises a lui aussi accéléré, les achats de biens durables progressant de 3,1% après quatre trimestres consécutifs de baisse. Ce rebond traduit entre autres la reprise des forages et de l'exploitation de gisements de pétrole et de gaz avec la remontée des cours des hydrocarbures.
(Lucia Mutikani, Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Marc Angrand)