PARIS (Reuters) - La sortie totale du nucléaire prônée par les candidats de gauche à l'élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon, coûterait 217 milliards d'euros d'ici 2035, selon des calculs de l'institut Montaigne publiés lundi.
Le candidat de La France insoumise et celui du Parti socialiste prônent un abandon progressif et intégral du nucléaire, à l'origine des trois quarts de l'énergie actuellement produite en France, qui abrite 58 réacteurs nucléaires de différentes puissances répartis sur 19 centrales.
Un abandon pourrait représenter un coût de 10,1 milliard d'euros par an d'ici 2025 puis 13,6 milliards annuels de 2026 à 2035, pour un total de 217 milliards, selon l'institut Montaigne, organisme de réflexion notamment composé d'universitaires et d'entrepreneurs.
"La sortie du nucléaire induira des coûts directs dont le chiffrage exact dépendra du calendrier largement incertain de fermeture des réacteurs, du mix de substitution visé", explique l'organisme dans un communiqué.
Les coûts indirects tels que la perte de compétitivité des entreprises françaises et la perte d'image de la filière nucléaire "ne peuvent être estimés finement dans le cadre de cet exercice", précise-t-on.
L'institut Montaigne met aussi en garde contre le coût environnemental "non négligeable" d'un tel choix puisque le nucléaire permet aujourd'hui à la France d'avoir un mix énergétique largement décarboné.
Son abandon pourrait ainsi remettre en cause les engagements pris par le pays dans le cadre de l'accord de Paris sur la lutte contre le réchauffement climatique.
Ce choix fait aussi "peser un risque sur la sécurité d'approvisionnement énergétique" de la France, souligne l'institut.
Dans son projet présidentiel, Jean-Luc Mélenchon "se fixe un objectif de 100% d'énergies renouvelables en 2050", tandis que Benoît Hamon prône "une sortie progressive et intégrale du nucléaire" à l'horizon "d'une génération, soit 25 ans" dans son programme élaboré avec Europe Ecologie-Les Verts.
Les deux hommes prônent en outre l'abandon du projet de site d'enfouissement de déchets radioactifs à Bure (Meuse).
La loi de transition pour une croissance verte votée sous le quinquennat de François Hollande prévoit une réduction de 75% à 50% de la part du nucléaire dans la production d'électricité d'ici 2025.
(Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)