par Olena Harmash
KYIV (Reuters) - Les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'Union européenne (UE) se sont réunis lundi à Kyiv, leur première réunion en dehors des frontières du bloc européen, pour une démonstration de soutien à l'Ukraine confrontée à un apparent effritement de l'appui international.
En Slovaquie, le candidat qualifié de pro-russe Robert Fico a remporté les élections législatives dimanche tandis qu'aux Etats-Unis, le Congrès américain n'a pas voté sur une enveloppe d'aide pour l'Ukraine dans le cadre du projet de loi de financement provisoire.
"Nous organisons une réunion historique des ministres des Affaires étrangères de l'UE ici en Ukraine, pays candidat et futur membre de l'UE", a déclaré le Haut représentant de l'UE pour les Affaires étrangères, Josep Borrell, sur X (anciennement Twitter (NYSE:TWTR)).
"Nous sommes ici pour exprimer notre solidarité et notre soutien au peuple ukrainien".
Présente à Kyiv, la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a indiqué que cette réunion "exceptionnelle" visait à "marquer notre soutien résolu à l'Ukraine", a-t-elle écrit sur X.
Selon le Quai d'Orsay, la France entend souligner lors de la réunion l’importance de définir les paramètres d’un soutien durable, notamment au plan militaire, fondé sur les besoins de l’Ukraine.
Elle compte aussi appeler à avancer dans la mise en place d’un soutien européen aux réformes et à la reconstruction de l’Ukraine pour soutenir la perspective d’adhésion du pays à l'UE.
La réunion des ministres de l'UE à Kyiv intervient alors que l'été touche à sa fin sans que des progrès notables aient été enregistrés dans la vaste contre-offensive ukrainienne lancée au printemps, en dépit du soutien militaire des alliés occidentaux.
La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a appelé à des efforts pour préparer l'Ukraine à la prochaine saison hivernale, notamment en terme de défense aérienne et de garantie de l'approvisionnement en énergie alors que la Russie a ciblé les infrastructure énergétiques de l'Ukraine lors de l'hiver dernier.
"L'hiver dernier, nous avons vu la manière brutale dont le président russe mène cette guerre", a-t-elle déclaré. "Nous devons empêcher cela avec tout ce que nous avons, dans la mesure du possible".
HÉSITATIONS ET DOUTES
Face au soutien affiché des pays de l'UE, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmitro Kouleba a affirmé que l'Ukraine était toujours confiante dans l'appui des Etats-Unis.
"Nous n'avons pas l'impression que le soutien des Etats-Unis a été brisé (...) parce que les Etats-Unis comprennent que ce qui est en jeu en Ukraine est bien plus grand que la seule Ukraine", a-t-il déclaré aux journalistes.
"Je pense qu'il s'agit d'un incident", a-t-il ajouté, évoquant l'absence de vote ce week-end du Congrès américain sur l'enveloppe d'aide financière pour l'Ukraine.
En Europe, l'ancien Premier ministre slovaque Robert Fico, vainqueur des élections législatives, va tenter de former un gouvernement. Lors de sa campagne électorale, il avait demandé à ce que "pas une seule cartouche" de munitions provenant des réserves slovaques ne soit envoyée en Ukraine.
"Nous ne changeons rien au fait que nous sommes prêts à aider l'Ukraine sur le plan humanitaire", a-t-il déclaré après sa victoire dimanche. "Nous sommes prêts à aider à la reconstruction de l'État, mais vous connaissez notre opinion sur l'armement de l'Ukraine".
La Slovaquie, pays membre de l'Otan qui partage une frontière avec l'Ukraine, a accueilli des réfugiés et, sous le gouvernement sortant, fourni un soutien militaire. Le pays a notamment été l'un des premiers à envoyer des avions de chasse à Kyiv.
Pour former un gouvernement, Robert Fico devra toutefois s'allier avec au moins un autre parti qui ne partage pas publiquement sa position sur l'Ukraine.
"Je pense qu'il est trop tôt pour juger de l'impact de ces élections sur le soutien de l'Ukraine. Nous devons attendre que la coalition soit formée", a déclaré lundi Dmitro Kouleba, disant respecter "le choix du peuple slovaque".
(Avec la contribution des bureaux de Reuters, Blandine Hénault pour la version française, édité par Kate Entringer)