(Reuters) - L'Opep va devoir prolonger la limitation de sa production si elle veut soutenir les cours car le redressement de l'offre extérieure au cartel pourrait entraver ses efforts de réduction des stocks mondiaux, montre une enquête Reuters publiée vendredi.
Sur 10 analystes interrogés par Reuters, six pensent que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) prolongera au-delà du mois de juin son accord de réduction de la production entré en vigueur le 1er janvier pour une durée de six mois. Deux jugent que cela ne sera pas nécessaire et deux autres sont indécis.
"Si l'Opep cherche sincèrement à atteindre un objectif de stocks, alors une prolongation de la réduction actuelle de son offre est nécessaire", dit Harry Tchilinguirian, analyste chez BNP Paribas (PA:BNPP).
"Mais vu les récentes déclarations de producteurs indiquant qu'une prolongation de cette politique dépend de la coopération, l'Opep va être confrontée à un casse-tête quant aux décisions à prendre lors de sa prochaine réunion en mai", ajoute-t-il.
Dans son rapport mensuel publié mardi, l'Opep a fait état d'une hausse des stocks en janvier et elle a relevé sa prévision de production hors-Opep en 2017, laissant ainsi transparaître ses difficultés à résorber l'excédent d'offre sur le marché.
Le cartel continue toutefois de penser que, en raison de sa politique, "le marché devrait commencer à s'équilibrer et même voir le début d'une contraction des stocks de pétrole" au second semestre de cette année.
"Si la principale ambition du groupe est d'abaisser effectivement les stocks mondiaux de brut à leur moyenne sur cinq ans, alors l'Opep doit accentuer ses réductions et fixer des quotas pour ses membres qui en sont exemptés", juge Daniela Corsini, analyste chez Intesa Sanpaolo (MI:ISP).
"La production totale de l'Opep devrait être plafonnée à peu près au niveau actuel d'environ 32,1 millions de barils par jour, bien en deçà des 32,5 millions de bpj, le niveau qui équilibrerait le marché cette année. Si le principal objectif de l'Opep est simplement de soutenir les cours au-dessus de 40-45 dollars, alors une reconduction automatique de l'accord existant pourrait suffire."
Onze pays extérieurs au cartel, dont la Russie, ont décidé de participer à cet effort conjoint de réduction de l'excédent d'offre mais la production de pétrole de schiste aux Etats-Unis est en revanche en hausse.
(Vijaykumar Vedala; Bertrand Boucey pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)