par Marine Pennetier
GAO, Mali (Reuters) - Emmanuel Macron est attendu ce vendredi au Mali pour une visite auprès des troupes françaises déployées à Gao, son premier déplacement sur un théâtre militaire depuis son investiture, dans un contexte de regain de tensions quatre ans après l'intervention Serval.
Le chef de l'Etat, qui sera accueilli à son arrivée dans la matinée par son homologue malien Ibrahim Boubacar Keïta, sera accompagné de la ministre des Armées Sylvie Goulard, de Jean-Yves Le Drian, passé de la Défense aux Affaires étrangères, et du directeur général de l'Agence française de développement (AFD), Rémy Rioux.
Au programme de cette visite de 6h30 dans une base où 1.600 soldats français sont déployés dans la cadre de l'opération Barkhane : deux entretiens avec le président malien, une présentation des unités avant une adresse d'Emmanuel Macron qui devrait exprimer sa "confiance et sa détermination à poursuivre cet engagement".
"Emmanuel Macron avait pris un engagement très fort au cours de la campagne, celui de se rendre immédiatement après son élection auprès des forces françaises engagées sur le terrain dans la lutte contre le terrorisme", souligne-t-on à l'Elysée.
"Gao est une ville symbole, qui a vécu un martyre au moment de son occupation par les djihadistes, qui a été libérée par l'intervention française, c'est le symbole de la poursuite de la lutte contre le terrorisme, une lutte qui continue de s'imposer comme le montre l'attentat de janvier dernier", ajoute-t-on.
Le 18 janvier, près de 80 personnes ont été tuées dans un attentat contre des éléments des patrouilles mixtes du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC), réunissant des ex-rebelles, des soldats maliens et des groupes armés pro-gouvernement.
Cet attentat, l'un des plus meurtriers de ces dernières années dans le nord du Mali, avait porté un coup à ce dispositif créé dans le cadre du processus de paix et de réconciliation et censé rétablir la confiance entre les différents groupes.
PROCESSUS DE PAIX
Quatre ans après l'intervention militaire française, déclenchée pour contrer l'avancée de groupes djihadistes qui menaçaient la capitale Bamako, la situation sécuritaire reste précaire dans le pays où les forces nationales et étrangères sont régulièrement prises pour cibles.
Début avril, un militaire du 6e régiment du génie d'Angers a été tué dans une embuscade dans l'est du Mali, près de la frontière avec le Burkina Faso, portant à 19 le nombre de soldats français tués dans la région depuis 2013.
"Le processus politique ne va pas assez vite mais il y a quand même des frémissements", souligne-t-on dans l'entourage du chef de l'Etat français.
Lors de leur entretien, les deux présidents devraient aborder les volets politique et militaire ainsi que l'initiative régionale du G5 Sahel dont le Mali assure actuellement la présidence.
Le chef de l'Etat français "va écouter, il va marquer son soutien", dit-on à Paris. La question d'un appui européen aux pays de la région dans la lutte contre le terrorisme, que Paris appelle de ses voeux depuis plusieurs années, devrait également être évoquée.
Lors de son discours sur la politique de Défense le 18 mars dernier, Emmanuel Macron, alors candidat, avait fait état de "défis" encore "considérables" dans la bande sahélo-saharienne.
"Ceci confirme que notre ennemi, principalement Al Qaïda, quoique affaibli, reste résolu à déstabiliser les pays de la région, le Mali et le Niger, qui tentent de faire face malgré la faiblesse de leurs moyens", avait-il dit.
"Dès mon élection, je demanderai au ministre de la Défense et aux chefs militaires d’accélérer nos actions d’appui à la montée en puissance des forces du G5 Sahel afin d’accroître leur efficacité", avait-il ajouté.
Ce déplacement, le deuxième à l'étranger depuis son investiture, sera également l'occasion pour Emmanuel Macron, premier président à ne pas avoir effectué de service militaire, de peaufiner encore sa stature de chef des armées.
Un mouvement engagé dès le jour de son investiture. Le nouveau président de 39 ans, soutenu par Jean-Yves Le Drian, avait notamment multiplié les gestes en faveur des militaires, avec une visite aux soldats blessés et une remontée des Champs-Elysées à bord d'un "command car" militaire.
(Edité par Sophie Louet)