Le président de l'Association nationale des industries alimentaires (Ania), Jean-René Buisson, a déploré lundi sur Radio classique un "cumul" des taxes sur le secteur alors qu'un doublement de la future taxe sur les sodas devrait être annoncé cette semaine.
"Nous avions dit dès le départ que c'était normal que l'on participe, à condition que tout le monde y participe, à la lutte contre les déficits", a déclaré M. Buisson.
"Simplement, on ne veut pas être la variable d'ajustement de tous les déficits qui passent et sur lesquels nous n'avons pas grand chose à voir", a-t-il poursuivi, citant le coût du travail des agriculteurs qui "n'est vraiment pas notre problématique".
Le gouvernement a annoncé fin août une taxe sur les sodas pour lutter contre les déficits publics.
Le président Nicolas Sarkozy devrait parler de cette taxe cette semaine lors d'un déplacement dans la Creuse. Une augmentation, qui pourrait aller jusqu'à un doublement, devrait être annoncée pour aider le secteur agricole.
En cas de doublement, elle rapporterait 240 millions d'euros par an.
"La taxe Fillon, effectivement on aurait pu considérer que c'est notre participation à l'effort collectif. Deux taxes, c'est beaucoup", a estimé M. Buisson, déplorant le "cumul".
"Cela devient vraiment insupportable pour l'industrie alimentaire", a-t-il ajouté, soulignant qu'outre les 240 millions de la taxe soda, le secteur verse déjà 380 millions sur les spiritueux.
Un doublement de la taxe soda représenterait, selon lui, une hausse estimée "entre 2 et 3 centimes" par canette.
"Pour le consommateur, ça représente beaucoup d'argent quand vous savez que l'augmentation du sucre est aussi de l'ordre de 40%, (...) que le gaz, le pétrole, l'ensemble des matières premières augmentent, ça fini par avoir une répercussion" sur le budget des consommateurs, a-t-il souligné.
Par ailleurs, en ce qui concerne l'interdiction du bisphénol A dans les contenants alimentaires à compter de 2014, M. Buisson a relevé qu'il n'existait pas actuellement de solution "sûre" de substitution.
"C'est notre grande problématique", a-t-il reconnu, rappelant que "jusqu'à l'an dernier, (...) les grandes organisations internationales et européennes nous disaient qu'il n'y avait absolument aucun problème sur le bisphénol".
"Nous pensons toujours qu'il n'y a pas de problème sur le bisphénol aux doses où il est utilisé. Mais à partir du moment où, sociologiquement, l'opinion publique n'en veut plus, même si le produit est bon, il faut le changer", a-t-il poursuivi.
"Il nous faut simplement le temps de trouver un nouveau produit et nous considérons qu'à moins de trois ans ce sera très difficile", a-t-il considéré.
Les biberons contenant du bisphénol A sont interdits en France depuis 2010.