Les ménages français continuent de faire grise mine face à la crise avec un moral et une consommation en berne qui viennent grever un peu plus une croissance atone dont ils sont traditionnellement le principal moteur.
Selon l'Institut national de la statistique (Insee), leur moral en décembre dernier était au plus bas depuis la fin 2008, alors que la crise financière était à son paroxysme.
Les dépenses de consommation des ménages sont également en fort recul par rapport à fin 2010, ce qui augure mal de leur contribution à la croissance cette année, relèvent les économistes.
"Il y a peu de chances que la confiance des consommateurs s'améliore radicalement en ce début d'année", estiment ainsi les analystes de Barclay's Capital. "Nous escomptons qu'elle aura un effet de soutien limité sur la consommation", traditionnel moteur de la croissance en France.
"On reste toujours sur un niveau très bas de confiance des ménages qui montre que malheureusement, la consommation va rester très, très bas au cours des prochains mois, voire sur l'ensemble du premier trimestre", confirme l'économiste Marc Touati, d'Assya compagnie financière.
"Ce n'est pas de très bon augure, d'autant que les dépenses lors des fêtes de fin d'année n'ont pas été très bonnes et que les soldes s'annoncent un peu difficiles", poursuit-il, en relevant que le chômage continue de progresser, ce qui vient assombrir un peu plus le tableau.
Selon l'Insee, les ménages français ne sont en effet guère optimistes sur ce front, alors que le chômage est à son plus haut niveau depuis 12 ans, avec 2.844.800 demandeurs d'emploi sans activité fin novembre en France métropolitaine, en hausse de 5,2% sur un an.
Pour les analystes de Barclay's, ce niveau, qui nous ramène à juillet 2010, se situe largement au-dessus de sa moyenne sur une longue durée. Et même si les ménages français se montrent moins pessimistes sur le niveau de vie futur en France, ils montrent s'agissant de l'emploi un moral nettement inférieur à sa moyenne de long terme.
A cela s'ajoute un moral des industriels qui baisse lui aussi, rappelle Barclay's, ce qui ne manquera pas de peser également sur la croissance. Selon l'Insee, le moral des industriels français s'est de nouveau dégradé en décembre et se situe lui aussi sous sa moyenne de longue période.
"Malheureusement, on a aujourd'hui une crise de confiance des Français ce qui fait que l'on peut avoir des craintes sur l'avenir de notre économie. La récession qui a déjà commencé au quatrième trimestre va au moins se poursuivre jusqu'au printemps prochain", prédit Marc Touati.
Et pour ne rien arranger, il estime que l'entrée dans la campagne de l'élection présidentielle va accentuer l'incertitude et l'attentisme. Dans ce contexte, l'idée du gouvernement d'instaurer une TVA sociale risque de rendre les choses encore plus difficiles, selon lui.
"Il est urgent d'essayer de sortir de cette crise et pour en sortir, il faut restaurer la croissance", analyse Marc Touati. "Malheureusement, on n'y est pas. Dans le meilleur des cas, on sera autour de 0,5% de croissance en 2012, donc loin des prévisions du gouvernement", qui table sur une progression de 1% du Produit intérieur brut (PIB) cette année.
"Malheureusement, on devra revoir nos prévisions après les élections", prédit-il. "0.5% de croissance, c'est vraiment le mieux qu'on puisse attendre pour 2012", affirme-t-il.