La Banque mondiale (BM) a mis en garde mardi contre le ralentissement de l'économie mondiale, qui risque, selon elle, de toucher durement les pays en développement.
Ses nouvelles prévisions économiques mondiales donnent une hausse du PIB planétaire de 2,5% en 2012 après une croissance qu'elle estime avoir été de 2,7% en 2011.
Cette nouvelle prévision est inférieure de 1,1 point à celle que la Banque avait publiée en juin, quand elle tablait encore sur une accélération à venir de l'économie mondiale.
"L'économie mondiale est entrée dans une nouvelle période d'incertitudes", a commenté lors d'une conférence de presse mercredi à Pékin l'économiste en chef et vice-président de la BM, Justin Lin Yifu.
"Dans la zone euro, la probabilité d'une récession est très élevée", a-t-il ajouté.
Selon l'institution internationale, la croissance à l'échelle de la planète devrait s'améliorer en 2013 et atteindre 3,1%.
En 2012, l'économie mondiale devrait être tirée par une croissance des pays en développement de 5,4%. Dans les "pays à revenu élevé", la croissance ne devrait être que de 1,4%, ajoute le rapport, qui table sur un recul du PIB de 0,3% pour la zone euro.
Pour les économistes de la Banque, "le ralentissement de la croissance est d’ores et déjà perceptible dans le fléchissement des échanges mondiaux et la diminution des prix des produits de base".
Ils estiment que la progression du volume des échanges mondiaux a ralenti à 6,6% en 2011 (contre 12,4% en 2010, année de la reprise de l'économie mondiale), et qu'elle devrait continuer de ralentir en 2012 pour n'atteindre que 4,7%.
"Les pays en développement doivent se préparer à de nouveaux risques de détérioration alors que la crise de la dette dans la zone euro et l’affaiblissement de la croissance dans plusieurs grandes économies émergentes assombrissent les prévisions de croissance dans le monde", avertit la Banque, faisant notamment référence à la Chine et au Brésil.
"Partout dans le monde, les marchés boursiers ont fortement chuté, souvent de 20% ou plus", a déclaré à Pékin Hans Timmer, directeur du groupe d'études de la BM qui a rédigé les dernières prévisions.
"Depuis juillet, c'est 9,5% de la valeur du PIB mondial qui se sont volatilisés", a-t-il précisé.
Dans une vidéo mise en ligne par la Banque mondiale, le principal auteur du rapport, Andrew Burns, estime que le risque principal entourant les prévisions de son service est qu'elles s'avèrent trop optimistes.
Les perspectives restent favorables dans la plupart des pays à faible revenu, mais M. Burns avertit que "si la crise s’intensifie, personne ne sera épargné" et que "les taux de croissance des pays développés comme ceux des pays en développement pourraient connaître une chute égale voire supérieure à celle de 2008-2009".
Pour l'heure, les taux d'intérêt montent pour les pays en développement sur les marchés financiers internationaux et les apports bruts de capitaux à ces pays ont chuté de 45% sur un an au second semestre 2011, note la Banque, dont le rapport appelle les pays du Sud à "se préparer au pire".
Afin de parer à l'éventualité d'une crise de financement, l'organisation de Washington leur recommande de "refinancer à l’avance leurs déficits budgétaires" tant qu'ils en ont la possibilité, de "donner la priorité aux dépenses de protection sociale et d’infrastructure" et de "soumettre leurs banques à des tests de résistance".
Notant que la baisse des cours des matières premières contribue à une "détente de l’inflation globale dans la plupart des pays en développement", la banque estime néanmoins que "la question de la sécurité alimentaire pour les populations les plus pauvres, notamment dans la Corne de l’Afrique, demeure au coeur des préoccupations".