Les dirigeants européens veulent profiter de l'accalmie de la crise de la dette lors d'un sommet qui s'ouvre jeudi pour explorer les moyens de doper leur croissance économique, face à des opinions exaspérées par les plans d'austérité à répétition.
Les 27 dirigeants européens se réunissent à partir de 18H00 (17H00 GMT) à Bruxelles. Avant cela, se tiendra une réunion des ministres des Finances de la zone euro, à Bruxelles également, pour faire le point sur les réformes en Grèce.
Le sommet qui doit durer deux jours sera l'occasion vendredi de signer le nouveau pacte de discipline budgétaire censé éviter un dérapage incontrôlé des déficits à l'avenir, en imposant notamment un peu partout en Europe des règles d'or de retour à l'équilibre budgétaire.
Ce traité doit être signé par 25 pays sur les 27 faisant partie de l'Union européenne, la Grande-Bretagne et la République tchèque ayant décliné.
Mais l'annonce mardi d'un référendum sur le sujet en Irlande risque d'agiter les esprits et n'est "pas de nature à stabiliser dans son ensemble la zone euro", a estimé le patron de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker.
Dublin a dans le passé rejeté à deux reprises des traités européens (Nice en 2001 et Lisbonne en 2008), mais les conséquences d'un éventuel rejet ne devraient pas être aussi "dramatiques" que par le passé, selon M. Juncker.
Le pacte budgétaire pourra commencer à s'appliquer dès que douze Etats l'auront ratifié et sera nécessaire pour qu'un pays de la zone euro obtienne des aides du fonds de secours qui entrera en vigueur cet été, le Mécanisme européen de stabilité (MES).
Outre ce volet, les dirigeants européens vont s'atteler à chercher de nouvelles pistes pour la croissance --thème principal de ce sommet-- après une précédente réunion en janvier qui n'avait donné lieu à aucune mesure concrète.
La nécessité est grande de trouver la parade face à la récession qui menace et au chômage qui évolue à un niveau record en zone euro (10,7% en janvier).
Des mouvements de protestation contre l'austérité ont d'ailleurs eu lieu mercredi en Europe, rencontrant toutefois un succès mitigé.
Pour s'attaquer à ces problèmes, les dirigeants de la zone euro sont divisés. Douze pays regroupés autour des chefs de gouvernement britannique, David Cameron, et italien, Mario Monti, ont publié une profession de foi libérale, prônant un marché unique renforcé et des réformes du marché du travail.
Le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker a lui refusé de s'y associer en regrettant "l'absence de dimension sociale".
Quant à l'Allemagne et la France, elles avaient déjà publié il y a plusieurs semaines une lettre séparée où il est beaucoup question de coordination des politiques fiscales.
Plutôt favorable aux propositions des 12 dirigeants européens, la Commission européenne et son président, José Manuel Barroso, vont insister au cours du sommet sur la nécessité de mettre en oeuvre ce qui a été décidé, notamment les emprunts européens orientés vers des projets d'avenir pour co-financer des projets d'infrastructures dans l'énergie et ou les télécommunications notamment.
En revanche, le renforcement du pare-feu de la zone euro --sujet essentiel pour les pays de l'Union monétaire-- ne devrait pas être sur la table, même si la chancelière Angela Merkel est prête à céder aux appels de ses partenaires, selon la presse allemande qui s'appuie sur des sources proches du gouvernement.
"Nous ne pourrons pas indéfiniment résister à la pression" exercée par les autres pays européens et le Fonds monétaire international (FMI), qui appellent avec insistance à mettre plus d'argent sur la table, affirme jeudi une source citée par le quotidien Süddeutsche Zeitung.
Prévu vendredi à la mi-journée, un sommet de la zone euro a été annulé sous la pression de l'Allemagne, qui ne se disait pas prête à discuter du renforcement du pare-feu de la zone euro, le MES.
Les dirigeants européens multiplient depuis les déclarations affirmant qu'une décision sera prise en mars et que le mois dure 31 jours, ouvrant la voie à une nouvelle réunion de la zone euro dans les semaines qui viennent.
Par ailleurs, le sommet devrait accorder le statut de candidat à la Serbie, reconduire Herman Van Rompuy comme président de l'Union européenne et le nommer en parallèle à la tête de la zone euro.