Le gouvernement a peiné lundi à rassurer les associations de consommateurs sur la baisse des prix des carburants, qui devrait être proche de 2 à 4 centimes selon le Premier ministre, avant des discussions mardi avec les professionnels, divisés sur leur contribution à cette mesure.
Dans la soirée, le chef du gouvernement Jean-Marc Ayrault, interrogé sur France 2 sur l'ampleur de la baisse des prix des carburants, a admis qu'elle devrait être proche d'une fourchette de 2 à 4 centimes.
Le ministre de l'Economie Pierre Moscovici et son collègue Benoît Hamon (Consommation) ont rencontré dans l'après-midi les principales organisations de défense des consommateurs, avant de négocier le lendemain avec les pétroliers et distributeurs de carburant la mise en oeuvre de cette baisse promise par le gouvernement depuis plusieurs jours.
Selon des participants à cette réunion, M. Moscovici leur a répété que les prix à la pompe reculeraient dans les jours qui viennent grâce à un "effort partagé" avec les industriels. Ceux-ci sont invités par le gouvernement à baisser volontairement leurs tarifs de quelques centimes, en attendant la baisse de taxe "modeste" et temporaire envisagée par le gouvernement.
Mais les associations sont sorties à demi satisfaites de cette réunion, notamment en l'absence de précisions sur l'ampleur de la diminution et des mesures à plus long terme.
"Tout ce que l'on sait c'est que le prix de l'essence baissera mais il n'y a vraiment aucun engagement si ce n'est de faire quelque chose", a déclaré en quittant le ministère Reine-Claude Mader, présidente de la CLCV.
"Ce qui est à peu près sûr, c'est que dans les jours qui viennent le prix des carburants va baisser de quelques centimes mais nous sommes certains que ce ne sera pas suffisant et nous avons peur que cette légère baisse suscite beaucoup de désillusions", a réagi de son côté Michel Fréchet, président de la Confédération générale du logement.
L'organisation Familles Rurales souhaite elle une baisse de 10 centimes, faute de quoi "il n'y aura aucun impact sur le pouvoir d'achat des familles".
Les relevés hebdomadaires des prix à la pompe pour la semaine dernière, qui devraient normalement être publiés dans la soirée, devraient rappeler l'urgence du problème. Ils frôlent depuis plusieurs semaines leurs records de mars et avril (qui les avaient vus culminer à près de 1,46 euro le litre pour le gazole, et près de 1,67 euro pour le SP95).
Les professionnels divisés
La réunion mardi avec les industriels s'annonce encore plus animée, les dissensions s'étalant au grand jour entre les principaux distributeurs de carburants (enseignes de grande distribution et compagnies pétrolières).
M. Moscovici devrait dévoiler le résultat de ces tractations mardi soir au 20H de TF1.
L'Ufip, qui représente les compagnies pétrolières comme Total, et dont le président Jean-Louis Schilansky était de passage à Bercy ce lundi, s'est dite prête à "accompagner l'effort du gouvernement".
Les enseignes Leclerc et Système U se sont par ailleurs engagées à vendre le carburant à prix coûtant jusqu'à fin septembre, ce qui devrait se traduire par des baisses de l'ordre de 2 à 3 centimes par litre.
Mais l'Union des importateurs indépendants pétroliers (UIP), qui représente les enseignes rivales Auchan, Carrefour, Casino et Cora, a jugé ces déclarations "prématurées". L'UIP est en effet très réticente à baisser les prix, faisant valoir que les
stations-service ne réalisent qu'un centime de marge par litre de gazole ou d'essence. Carrefour a également assuré agir depuis des mois pour maintenir les prix à la pompe au plus bas, affirmant ne pas avoir "attendu l'actuelle flambée des cours" pour agir.
Toutes marques confondues, la grande distribution réalise environ 60% des ventes d'essence et de gazole, loin devant les compagnies pétrolières (30%) et les autres détaillants (10%).