Les transactions immobilières dans l'ancien se sont effondrées au deuxième trimestre, signe d'un certain attentisme des acheteurs comme des vendeurs, mais les prix ont tenu bon, au point qu'un nouveau record devrait même prochainement être battu à Paris.
Que ce soit dans la capitale (-21% par rapport à la même période de 2011) ou en Ile-de-France (-21% également), les ventes de logements anciens ont battu de l'aile entre avril et juin, selon les chiffres publiés jeudi par les notaires de Paris-Ile-de-France.
Notaire à Montmorency (Val d'Oise), Philippe Sansot a prévenu que les chiffres du troisième trimestre ne seraient sans doute "pas meilleurs". "Nous avons senti l'attentisme des acteurs du marché", a-t-il analysé.
Pour autant, les prix, eux, n'ont enregistré qu'un repli très modeste de 0,3% par rapport au premier trimestre. Sur un an, ils sont parfaitement stables. "Les prix ne décrochent pas", a constaté M. Sansot.
Comme souvent, Paris est l'illustration la plus extrême de ce mouvement. Le repli enregistré au quatrième trimestre 2011 et au premier trimestre 2012 semble en effet avoir fait long feu.
Au deuxième trimestre, les prix sont ainsi repartis à la hausse (+1,0%), pour se rapprocher à nouveau du record du troisième trimestre 2011 (8.370 euros le mètre carré), à 8.340 euros le mètre carré, selon les chiffres publiés jeudi par les notaires de Paris.
"Il va y avoir un nouveau record à Paris", a prévenu Thierry Delesalle, notaire dans la capitale, indiquant que les indicateurs avancés pointaient une hausse des prix en septembre et octobre.
Les prix à Paris oscillent désormais entre 5.900 euros du mètre carré dans le quartier de la Goutte-d'Or (en légère baisse de 1,5% sur un an) dans le 18ème arrondissement et 15.530 euros pour la même surface aux Champs-Elysées (8ème), le quartier affichant une hausse de 20,1% sur un an.
Attentisme
Pour M. Delesalle, la légère hausse des taux d'intérêt des crédits immobiliers au premier trimestre (suivie depuis par un nouveau recul), a dissuadé certains acheteurs, cette attitude se reportant sur le deuxième trimestre du fait du décalage entre la signature de la promesse et la conclusion de la transaction.
L'évolution du régime fiscal des plus-values et la fin programmée du dispositif Scellier ont, en outre, entraîné un certain attentisme des investisseurs, après un pic au quatrième trimestre 2011. Le report de l'assurance-vie vers l'immobilier, nettement établi fin 2011, "est en forte diminution", selon le notaire parisien.
Ces facteurs auraient pu induire une baisse des prix, mais dans le même temps, "il y a eu diminution importante des vendeurs", selon M. Delesalle.
Selon Christian Bénasse, président de la Chambre des notaires de Paris, ce mouvement pourrait notamment tenir au fait que certains vendeurs qui ont fixé un prix de vente élevé soient prêts à attendre plusieurs mois pour trouver acquéreur.
Autre élément d'explication, l'impact de la modification de la fiscalité des plus-values, qui incite certains propriétaires anciens à patienter quelques années de plus pour bénéficier d'un régime plus favorable, toujours selon M. Bénasse.
Au final, la demande et l'offre ayant évolué quasiment dans le même sens et dans les mêmes proportions, les prix se tiennent, a résumé M. Delesalle.
Les notaires se sont montrés extrêmement prudents quant à l'évolution des prix sur les trimestres à venir.
D'autant que "le marché est beaucoup plus sensible à l'environnement économique et fiscal, dans le neuf mais également dans l'ancien", a souligné M. Delesalle. Dès lors, "le marché s'accélère" et les retournements de tendance en matière de prix ont été beaucoup plus nombreux ces quatre dernières années que par le passé.