Le moral des ménages français s'est légèrement dégradé en décembre, pour la première fois depuis quatre mois, l'indicateur qui le mesure perdant un point et descendant à -31, a annoncé l'Insee mardi.
L'opinion des ménages sur la situation économique, qui avait touché un plancher historique à l'été 2008 à -47 points, avait par la suite entrepris un redressement très lent marqué par quelques coups d'arrêt.
Malgré cette amélioration "sensible" et très progressive, l'indicateur reste nettement inférieur à son niveau moyen de ces quinze dernières années, relève l'Institut national de la statistique.
En décembre, l’opinion des ménages sur le niveau de vie passé est stable, mais les Français sont un peu plus pessimistes sur ses perspectives d'évolution (-1 point) ainsi que leur situation financière future (-2 points).
L'indicateur sur la situation financière passée est le seul qui remonte en décembre (+2 points).
Les ménages considèrent aussi moins opportun de faire des achats importants (-1 point par rapport à novembre).
Pour l'économiste Marc Touati (Global Equities), cette "évolution fâcheuse" ne doit pas être exagérée car le moral des ménages reste bien meilleur qu'au plus fort de la crise. "A la veille du début des soldes, les ménages français apparaissent toujours prêts à profiter des promotions et à consommer massivement dans les prochaines semaines", dit-il.
Il s'attend à ce que la consommation recule après les soldes et avec la baisse progressive de la prime à la casse, avant de repartir à la faveur des promotions du printemps.
"C'est là tout le problème de l'économie française: compte tenu d'un emploi moribond et d'un pouvoir d'achat anémié, les ménages sont contraints d'attendre les périodes de rabais et autres soldes pour retrouver le chemin de la dépense", résume M. Touati.
Les Français anticipent que l’inflation sera un peu plus forte que ce qu’ils avaient envisagé en novembre (+3 points) mais restent optimistes sur leur situation financière actuelle et leur capacité à épargner dans les mois à venir (+2 points).
Les ménages pensent pourtant que le moment n’est pas opportun pour épargner (-3 points, à 11 points, en dessous de sa moyenne de long terme).
Autre point positif, les ménages sont en décembre un peu moins nombreux qu’en novembre à anticiper une augmentation du chômage (-1 point). Les craintes face au chômage, en nette amélioration par rapport au pic de l'été 2009, sont ainsi ramenées au niveau moyen de l’année 2003.
"Si les Français ont bien pris note que la récession a pris fin, ils considèrent tout de même que la crise est loin, très loin d'être finie", analyse Alexander Law (Xerfi), pour qui "les menaces sont encore légion".
"Sauf nouvel aléa, 2010 devrait être moins difficile mais la reprise, la vraie, ne sera pas encore d'actualité tant que l'emploi ne sera pas reparti et que la consommation se sera durablement raffermie", ajoute M. Law.