La maison de luxe Hermès a encore surpris au premier semestre par la vigueur de ses résultats, supérieurs aux attentes et qui confirment son éclatante santé et celle du luxe, mais le groupe préfère comme toujours rester prudent dans ses prévisions.
"Hermès a fait un premier semestre qui est pratiquement le meilleur de son histoire", a reconnu vendredi son patron Patrick Thomas, qui jusqu'à son départ en retraite d'ici quelques mois tient les rênes du sellier en duo avec son successeur Axel Dumas.
Le fabricant des carrés de soie et des sacs Kelly et Birkin a réalisé un bénéfice net en progression de 13,9% à 381,7 millions d'euros, un bénéfice opérationnel en hausse de 14,3% à 584,1 millions d'euros et une marge opérationnelle record de 33,1%.
"Une nouvelle publication supérieure aux attentes", soulignait Fabien Laurenceau, stratégiste chez le courtier Aurel BGC.
A la Bourse de Paris, le titre Hermès gagnait 2,11% à 253,70 euros peu après 13H00 dans un marché en repli de 0,56%.
Si la rentabilité opérationnelle a progressé d'un point au premier semestre, "c'est grâce aux couvertures de change", relativise Patrick Thomas. Hermès anticipe pour la suite un effet moins positif.
Fidèle à ses habitudes, le groupe s'affiche confiant mais maintient ses prévisions conservatrices: le chiffre d'affaires 2013 à taux constants "pourrait dépasser légèrement l'objectif de croissance moyen terme de 10%" et la marge "pourrait être proche" du record de 32,1% atteint l'an dernier.
"Le deuxième trimestre a été meilleur que le premier, mais de là à en tirer une ligne tendancielle... C'est la deuxième partie de l'année qui est traditionnellement la plus importante", a renchéri Axel Dumas, ventes de Noël obligent. Et "la marche est haute" pour faire aussi bien que les +18,5% de croissance organique de la fin 2012.
Au premier semestre, les ventes ont été soutenues dans tous les métiers d'Hermès, grâce à une forte demande et sans ralentissement hormis "le trou d'air" sur l'horlogerie en Chine, vécu aussi par ses concurrents.
Globalement, les ventes se sont accélérées au deuxième trimestre, en particulier en Amérique.
"Notre grande satisfaction est que Hermès grandit presque aussi vite dans ses marchés matures (Europe, Amérique) qu'émergents", a dit M. Thomas. Malgré la crise, la France et le reste de l'Europe ont progressé de 13% et 14% à taux constants, en large partie grâce aux achats des touristes.
Le chiffre d'affaires semestriel, publié en juillet, a progressé de 11% à 1,76 milliard d'euros (+14,4% à taux de change constants).
Hermès continue ainsi de briller avec une croissance particulièrement dynamique pour le secteur de ses ventes de maroquinerie (+10% à taux constants), qui assurent 44% du total.
Hermès ne compte pas relever ses prix d'ici la fin de l'année, après une hausse de 3 à 4% en Europe en début d'année.
Comme "la progression des sacs reste contrainte par les capacités de production", le groupe a annoncé en juillet l'ouverture en Franche-Comté de deux nouveaux ateliers de maroquinerie à partir de 2016, à Héricourt (Haute-Saône) et près de Montbéliard (Doubs). Un atelier provisoire doit ouvrir dans le Do ubs dès début 2014, à Etupes, pour permettre la formation des premiers selliers maroquiniers.
Cinq succursales ont été ouvertes ou rénovées au premier semestre. Hermès inaugurera mardi un vaste magasin rénové à Beverly Hills et un autre en octobre à Milan.
Par ailleurs, une boutique de sa filiale de produits d'inspiration chinoise Shang Xia ouvrira le 10 septembre à Paris, la première hors de Chine, après Shanghai et Pékin. Lancé en 2010, Shang Xia "sera rentable dans deux ou trois ans", selon M. Thomas.
Hermès employait fin juin 10.604 personnes.
Il a signé des résultats record l'an dernier: un chiffre d'affaires de 3,48 milliards d'euros (+22,6%), un bénéfice net de 740 millions (+24,5%), un résultat opérationnel de 1,12 milliard d'euros (+26,4%) et la meilleure marge opérationnelle depuis la cotation en Bourse en 1993 (32,1%).