Le monde devrait dépenser quelque 750 milliards de dollars (550 milliards d'euros) l'an prochain pour abreuver la planète en pétrole et en gaz, mais avec une croissance en léger tassement, selon une étude publiée vendredi.
En 2014, la tendance haussière des investissements d'"exploration production" devrait se poursuivre à un rythme un peu moins élevé (+8% en euros courants, contre 11% en 2013), a détaillé l'institut de recherche énergétique IFP Energies Nouvelles lors d'une conférence de presse à Paris.
"On marque un petit peu le pas après quatre années de forte croissance", a résumé Nathalie Alazard-Toux de l'IFP EN, tout en rappelant la croissance "considérable" des dix dernières années, très loin des creux d'activité des années 90.
Les moteurs de la croissance restent inchangés: un prix du baril élevé autour de 100 dollars, de "nombreuses possibilités d'investissements", la poursuite de projets pluriannuels ainsi que les hydrocarbures de schiste aux Etats-Unis, selon l'IFP EN.
La croissance qui faiblit dans les pays émergents ralentit un peu la pression de la demande, mais reste un facteur fondamental du marché, a relevé Olivier Appert, le dirigeant de l'institut parapublic.
Plus de 100.000 puits par an
En 2013, la croissance du secteur devrait avoisiner les 11% (soit le même rythme qu'en 2012), pour atteindre 694 milliards de dollars d'investissements.
Pas moins de 104.000 puits (+2%) auront été forés à terre au cours de l'année 2013, dont 58% en Amérique du Nord, où l'exploitation des hydrocarbures de schiste nécessite un nombre plus important de puits que les gisements conventionnels.
En mer, 3.700 puits auront été creusés (+9%), avec cette fois une domination en Asie-Pacifique (44%).
Le marché aux Etats-Unis est marqué par une "pause", avec une croissance nord-américaine tombée à 2% cette année "après quatre ans de très forte croissance" liée au "boom" des hydrocarbures de schiste, a souligné Mme Alazard-Toux.
L'Asie-Pacifique, tirée notamment par des prix du gaz plus élevés qui rendent les gisements plus rentables, et l'Amérique du Nord ont concentré à elles deux plus de la moitié des investissements, avec environ 180 à 190 milliards chacune.
Suivent l'Amérique du Sud, l'Afrique et l'Europe hors Russie. Étonnamment, les pays de l'ex-CEI et le Moyen-Orient, principaux pourvoyeurs d'or noir mondiaux, concentrent moins de 15% des investissements, selon l'ex-Institut Français du Pétrole.
Le chiffre d'affaires des entreprises françaises dans le parapétrolier est estimé à 35 milliards d'euros (en 2012) par le secteur, soit une part de marché d'environ 7%.
Dans le raffinage, la croissance mondiale devrait elle afficher 2%, à environ 70 milliards d'euros, et la tendance devrait se poursuivre en 2014, selon l'IFP EN.
A titre de comparaison, l'institut parapublic relève que les investissements dans les énergies renouvelables ont atteint 224 milliards de dollars en 2012, soit environ trois fois moins que les investissements pétroliers (raffinage inclus).
En 2004, les investissements pétroliers avoisinaient les 250 milliards de dollars, contre 40 milliards dans les renouvelables. Soit un triplement pour le pétrole, mais un sextuplement pour les renouvelables, a souligné IFP EN.
Néanmoins, depuis 2012, l'or noir continue de progresser, tandis que les investissements dans les renouvelables ralentissent.
Le transport routier reste le gros point faible du verdissement de l'économie, avec une dépendance quasi totale au pétrole.
Les biocarburants actuels ne pourront qu'assurer une part limitée de la demande du fait de leur conflit d'usage avec les terres agricoles. Et la voiture électrique n'est réellement "propre" que si l'électricité qu'elle emploie l'est aussi, or la production de courant reste majoritairement d'origine fossile (charbon et gaz notamment) dans le monde.