L'inflation, les prix de l'immobilier et le crédit ont encore augmenté en avril en Chine, alimentant les craintes d'une surchauffe de la troisième économie mondiale.
Les prix de l'immobilier dans 70 villes ont enregistré leur plus forte progression (+12,8%) depuis près de cinq ans, a annoncé mardi le Bureau national des statistiques (BNS).
Le gouvernement chinois a pris des mesures ces dernières semaines pour freiner le secteur, et notamment la spéculation, jugée responsable du redémarrage rapide de la hausse des prix de l'immobilier.
L'inflation, mesurée par l'indice des prix à la consommation, a elle atteint 2,8% en avril sur un an, contre 2,4% en mars. La hausse est plus forte que prévu mais "il n'y a pas de signes que l'inflation s'accélère", a estimé dans une note Mark Williams de Capital Economics.
Pour Dariusz Kowalczyk, stratégiste de la société de services financiers SJ Seymour, les derniers chiffres indiquent que les mesures de restrictions d'achats immobiliers "n'ont pas réussi à refroidir le marché" jusqu'à présent.
"La Chine est menacée de surchauffe, avec des départs de feu (...) dans l'immobilier et le crédit", a déclaré de son côté Brian Jackson, analyste de Royal Bank of Canada à Hong Kong.
Selon la Banque centrale, les banques chinoises ont accordé pour 774 milliards de yuans (87,7 milliards euros) de nouveaux prêts en avril, soit 182,2 milliards de yuans de plus qu'en avril 2009, année durant laquelle le crédit avait pratiquement doublé.
Le gouvernement veut pourtant limiter le volume du crédit pour empêcher une hausse des créances douteuses, enrayer les pressions inflationnistes et une bulle immobilière.
Pour l'heure, la Banque centrale s'est contentée d'annoncer, depuis le début de l'année, trois hausses du taux de réserves obligatoires des banques -- argent qu'elles doivent conserver et ne peuvent donc prêter.
"Jusqu'à présent, la Chine a répondu avec des mesures administratives et quantitatives au lieu de recourir à des outils plus larges comme une hausse des taux ou une monnaie plus forte. C'est comme essayer d'éteindre un incendie avec des seaux au lieu d'une lance", souligne M. Jackson.
La Bourse de Shanghai a mal digéré la publication des derniers indicateurs économiques, tombant à son niveau le plus bas depuis le 27 mai 2009, notamment à cause de la perspective d'un resserrement du crédit.
"L'inflation en avril est quelque peu plus forte que les attentes du marché, montrant que les pressions inflationnistes augmentent, ce qui pourrait déclencher des mesures de contrôle monétaire du gouvernement", a commenté Amy Lin, analyste de Capital Securities, citée par Dow Jones Newswires.
Bon nombre d'analystes estiment que l'inflation pourrait, comme la poursuite de la hausse des prix immobiliers, déclencher un resserrement de la politique monétaire.
"La probabilité augmente qu'une hausse des taux d'intérêt soit annoncée d'ici à juin", a estimé M. Kowalczyk, qui s'attend aussi aussi à une reprise "en mai de l'appréciation du yuan".
La Chine est soumise à une pression internationale de plus en plus forte pour laisser sa monnaie s'apprécier, alors que le yuan est arrimé de fait au dollar depuis l'été 2008.
Un relèvement des taux d'intérêt chinois aurait pour conséquence de creuser l'écart avec les taux occidentaux, ce qui pourrait attirer des capitaux spéculatifs dans le pays, mettent en garde des économistes chinois.