PARIS (Reuters) - Manuel Valls a demandé jeudi plus de souplesse à l'Union européenne pour la mise en oeuvre du pacte de stabilité européen, au moment où les doutes grandissent sur la capacité de la France à réduire ses déficits publics à 3% en 2015.
"Il faut, de toute façon, pour la mise en oeuvre du pacte de stabilité, plus de flexibilité, plus de souplesse", a dit le Premier ministre sur RTL. "L'Europe doit accompagner les politiques que mènent aujourd'hui les gouvernements."
Selon des économistes interrogés par Reuters du 10 au 16 juillet, il faudra attendre 2016 pour que les déficits publics soient ramenés sous le seuil de 3% du PIB, alors que la France a déjà obtenu que cet objectif soit décalé de 2013 à 2015.
Ces économistes estiment que la croissance économique de la France en 2014 sera inférieure au 1,0% prévu par le gouvernement, qui semble préparer ses partenaires européens à une nouvelle demande de délai.
François Hollande a déclaré lundi qu'il n'irait pas au-delà des 50 milliards d'euros d'économies prévus sur trois ans, même si cela se révélait nécessaire pour ramener les déficits publics de la France à 3% du PIB en 2015. (voir)
Le pacte de stabilité révisé prévoit, si la croissance se détériore de manière imprévue, que des États membres dont le déficit public dépasse 3% du PIB puissent bénéficier d'un délai supplémentaire pour le combler, à condition d'avoir consenti les efforts structurels nécessaires.
CROISSANCE "BEAUCOUP TROP FAIBLE"
Manuel Valls a admis que la croissance serait, en tout état de cause, "beaucoup trop faible" - "Qu'elle soit à 1,0%, c'est déjà de toute façon trop faible", a-t-il souligné.
Il a estimé que ce problème de croissance et d'inflation faibles était partagé par les autres pays de la zone euro et déploré de nouveau que l'euro soit "trop cher, trop fort".
"Au-delà des mesures que nous prenons et que nous ne changerons pas (...) il faut aussi que l'Union européenne prenne un certain nombre de dispositions", a-t-il insisté.
Il a cité le plan de 300 milliards d'euros de financement d'investissements publics et privés proposé par le nouveau président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.
Les difficultés de la France pèsent sur les efforts déployés par sa diplomatie pour porter l'ex-ministre des Finances Pierre Moscovici au poste de commissaire aux Affaires économiques et monétaires dans la nouvelle Commission.
Mais malgré ces difficultés budgétaires, Manuel Valls a réitéré sa promesse d'une baisse d'impôt en 2015 pour les classes moyennes, en plus de celle déjà accordée en 2014 à environ trois millions de ménages modestes.
"Il faudra bien sûr confirmer pour 2015 cette baisse des impôts pour les mêmes et puis nous travaillons aussi sur d'autres mesures", a-t-il expliqué. Il a précisé que les nouvelles annonces seraient faites en août.
(Julien Ponthus et Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)